RDC : l’UE frappe au portefeuille de proches de Joseph Kabila

C’est le cénacle diplomatique de l’Union européenne qui en a pris l’initiative. Après les sanctions de décembre 2016, le Conseil des Affaires étrangères et des relations internationales a encore décidé de frapper au portefeuille de neuf officiels congolais proches de Joseph Kabila. De quoi mettre fin à l’hécatombe dans les Kasaï et surtout faire redémarrer le processus politique, au point mort depuis ces dernières semaines.
Ibrahima Bayo Jr.

La sanction est tombée comme un couperet. C'est principalement la crise dans le Kasaï qui justifie la décision de l'Union européenne de sanctionner neuf officiels congolais «occupant des postes de responsabilités dans l'administration de l'Etat et dans la chaîne de commandement des forces de sécurité en République démocratique du Congo (RDC)»,indique un communiqué diffusé par le Conseil européen des Affaires étrangères et des relations internationales.

Ministres, militaires, miliciens, gouverneurs,...

Ces neuf officiels congolais proches de Joseph Kabila sont «listés pour avoir contribué, en les planifiant, dirigeant ou commettant, à des actes constituant de graves violations des droits de l'homme en RDC». En réponse à cette violation dénoncée par l'Union européenne, ils sont frappés d'une interdiction de séjourner dans l'espace Schengen, mais aussi d'un gel des avoirs détenus dans des pays de l'UE.

Au centre des accusations, Lambert Mende, le tonitruant ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement depuis 2008, banni d'Europe pour sa «politique répressive» envers les médias dans le pays. Il lui est aussi reproché de n'avoir pas joué de sa position pour promouvoir une «solution pacifique et consensuelle» pour la tenue des élections de 2017.

Il rejoint sur cette liste, Evariste Boshab, vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur et de la sécurité de décembre 2014 à décembre 2016. Ce responsable des services de police et de sécurité est accusé d'avoir planifié avec les gouverneurs provinciaux, une répression des manifestations en septembre et décembre 2016. Une période de vive contestation pour le départ de Joseph Kabila, arrivé au terme de son second et dernier mandat.

Pour ne pas détailler les crimes qui leur sont reprochés, la liste des «renégats» désignés par l'UE comprend Ramazani Shadari, vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur et de la sécurité, logé à la même enseigne qu'Evariste Boshab. Il est accusé d'arrestations arbitraires d'activistes et de membres de l'opposition et d'un usage excessif de la force dans la répression au Kasaï.

Dans le viseur européen également, Alex Kande Mupompa, le bi-national gouverneur du Kasaï central et Jean-Claude Kazembe Musonda, ancien gouverneur du Haut-Katanga. Pour être exhaustif, la liste se prolonge avec deux hauts gradés militaires, le Général de brigade Éric Ruhorimbere, commandant adjoint de la 21e région militaire et Muhindo Akili Mundos, commandant de la 31e brigade des FARDC. Kalev Mutondo, directeur de l'Agence nationale du renseignement (ANR) et Gédéon Kyungu Mutanga, ancien chef (2011-2016) des milices Bakata Katanga, sont également frappés par les sanctions européennes.

Une relance du processus politique par la pression européenne

C'est la deuxième fois en moins d'un an que l'UE impose des sanctions contre des proches de Joseph Kabila. Mais cette fois-ci, en outre de la répression au Kasaï, région devenue une hécatombe à ciel ouvert en RDC et où l'armée tente de mater la rébellion de milices rebelles, le contexte politique a aussi été une motivation.

L'UE qui faire redémarrer le processus de transition politique s'est dite inquiète du «manque de consensus» à conduire le pays vers des élections générales, notamment présidentielles, dans le respect de la constitution et de l'Accord de la Saint-Sylvestre. Cette position de haute portée politique pourrait permettre à l'opposition, malmenée par le pouvoir, de souffler. Plus loin, elle est un avertissement au pouvoir pour l'organisation d'élections apaisées.

Pas sûr que Joseph Kabila l'entende de cette oreille. Dans les couloirs du Palais de la Nation à Kinshasa, l'«héritier du Mzee» accuse le coup. Face à ce «lèse-majesté» diplomatique de l'UE, s'apprête-t-il sans doute à riposter par la réciprocité.

Ibrahima Bayo Jr.

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Commentaires 2
à écrit le 31/05/2017 à 8:57
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Vraiment L'Union Européenne doit faire très attention parce que les réalités de notre pays la RDC ne sont pas celles de l'Europe, la meilleure façon d'aider la RDC serait celle de l'accompagner aux élections crédibles et d...

le 13/07/2017 à 14:11
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Des élections pour des dirigents qui ne veulent pas partir ?? De quelle crédibité parle-t-on ici ?

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