Côte d’Ivoire : les mutins renoncent aux 12 millions de Fcfa

Surprenant renoncement que le mea-culpa des mutins ivoiriens. Après avoir obtenu l’assurance de l’Etat d’un versement de 12 millions de Fcfa, les mutins ont fini par renoncer à «toutes leurs revendications financières». Officiellement, c’est au nom de la «solidarité nationale» dans un pays en mauvaise passe économique. Officieusement, les visées des mutins pourraient être beaucoup plus stratégiques.
Ibrahima Bayo Jr.
Janvier dernier, les soldats mutins avaient pris le contrôle la ville de Bouaké, située à 350 kilomètres au nord de la capitale Abidjan.

Repentants, les 8 500 mutins retournent dans les casernes... les poches vides ! Le fait est tellement étonnant que pour en convaincre l'Ivoirien lambda, la cérémonie solennelle de cet événement a été retransmise à la télévision nationale.

Excuses publiques et renoncement au pactole

Face aux caméras et en présence du président Alassane Ouattara, un porte-parole des mutins a présenté des excuses publiques pour la clameur des casernes qu'ils ont fait entendre lors des dix jours de mutinerie en janvier dernier. Mieux, au nom de la «solidarité nationale», ils renoncent à toutes leurs «revendications financières».

Pour circonscrire la série de mutineries qui avait secoué la Côte d'Ivoire au début de l'année, le gouvernement ivoirien avait accepté de satisfaire au cahier revendicatif des 8 500 ex-rebelles intégrés à l'armée qui réclamaient des arriérés de primes, une revalorisation de leurs salaires et des révisions de grade.

Un premier versement de 5 millions de Fcfa, suivi d'un autre d'un million par mois aux mutins, avait fini par les convaincre de rentrer dans le rang. Surprenant mais vrai, les mutins renoncent à toute cette manne financière obtenue de haute lutte.

Concomitance d'événements ou début d'explications à ce revirement surprenant ? L'annonce du gouvernement de coupes budgétaires pour augmenter les dépenses ordinaires avait fait penser que les sommes collectées serviraient à solder les arriérés des mutins. Le gouvernement avait lui-même justifié ces coupes par le règlement des «revendications sociales».

Tirs en l'air à Bouaké

Une posture qui pourrait être plus stratégique qu'elle n'y paraît. En attendant des lendemains économiques meilleurs dans le pays, les mutins pourraient être les principaux bénéficiaires de la loi de programmation militaire annoncée fin 2016 par Alassane Ouattara. Cette loi fixant le rééquipement de l'armée ivoirienne pour une enveloppe de 1,2 milliard d'euros et la refonte des effectifs. Un mal pour un bien donc !

Dans les rues abidjanaises, le renoncement des militaires aux 12 millions de Fcfa alimente les conversations et entretient la polémique. Certains vont même jusqu'à imaginer l'existence d'un deal entre les mutins de janvier et l'Etat pour couper l'herbe sous le pied des ex-rebelles qui se sont mutinés la semaine dernière à Bouaké, pour réclamer leur «part du gâteau» financier.

Sourds au prêche présidentiel qui rappelle la régression des recettes de l'Etat impactées par l'effondrement des cours du cacao, les ex-rebelles ont à nouveau fait parler leurs armes. Sans doute pour se désolidariser de leurs «aînés» ou pour signifier leur détermination, ils ont tiré en l'air à Bouaké, ce vendredi 12 mai au petit matin. Quelle sera la posture d'Alassane Ouattara face à ce nouveau foyer de tension ? La question des mutineries n'est pas encore totalement soldée.

Ibrahima Bayo Jr.

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Commentaires 2
à écrit le 15/05/2017 à 19:43
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Puffff de pire en pire

à écrit le 12/05/2017 à 17:01
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Cote d'Ivoire pour les vacances cet été, mauvais plan, c'est une poudrière et le climat d'insécurité y est de plus en plus pesant . La forte croissance de ces dernières années cache la misère. Le pays avance grâce à un fort l'investissement étranger,...

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