Marchés d’esclaves en Libye : la CPI va mener l’enquête

La Libye, un « marché de traite d’êtres humains » ! Le scandale de l’existence de « marchés » où des migrants sont vendus comme « esclaves » avait suscité l’indignation au-delà des frontières libyennes. Il pourrait désormais avoir des suites judiciaires devant la cour pénale internationale (CPI). L’institution basée à La Haye aux Pays-Bas se penche sur l’ouverture d’une enquête sur ces crimes qui relèvent de sa compétence universelle.
Ibrahima Bayo Jr.
Fatou Bensouda, la procureure de la CPI

« Mon Bureau est en train d'examiner attentivement la possibilité d'ouvrir une enquête sur les crimes perpétrés contre les migrants si les critères juridictionnels sont remplis. Nous devons agir pour contrecarrer ces tendances préoccupantes ». Cette déclaration de Fatou Bensouda a valeur d'avertissement.

Enquête sur les exactions...

Lors de son passage devant le Conseil de sécurité de l'ONU, ce lundi 8 mai, la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) a listé toute une série d'exactions commises en Libye allant du meurtre de civils à la violence sexuelle en passant par les enlèvements et la torture. Mais, c'est la suite réservée au scandale des « marchés d'esclaves » qui permettent l'« achat » et la « vente » de migrants qui aura frappé.

Dans un langage diplomatique policé, Fatou Bensouda indique la CPI « continue de collecter les éléments d'information afférents aux violations commises contre des migrants ». Une enquête de la section régionale de l'Organisation internationale de la Migration (OIM) avait rendu public des témoignages de migrants en Libye

Ces témoignages faisaient état de l'existence de filières organisées de trafic d'êtres humains entretenues par les milices et des cartels de passeurs dans cette Libye au bord de la guerre civile. « Je suis profondément alarmée par les informations selon lesquelles des milliers de migrants vulnérables, notamment des femmes et des enfants, seraient détenus partout dans le pays dans des conditions très souvent inhumaines », a informé la procureure de la CPI devant le conseil de sécurité de l'Onu.

... et des risques de blocage

Et pourtant l'enquête de la CPI qui n'est même pas encore ouverte, risque de se heurter à quelques récifs politiques et procéduraux. La CPI est en effet à couteaux tirés avec la justice libyenne. L'institution basée à La Haye n'avait pas réussi à instruire le procès de Seif Al Islam. Même avec l'émission d'un mandat d'arrêt, la justice libyenne avait refusé de livrer le fils de Mouammar Kadhafi pourtant accusé de crimes commis pendant l'insurrection qui a fini par renverser son père.

Lire aussi : « Marchés d'esclaves »: quand la Libye devient la nouvelle Gorée ?

Le scénario risque de se répéter avec l'ouverture de l'enquête de la CPI sur le « commerce de migrants ». De sources crédibles, la Procureure de la CPI confirme ce commerce et parle même d'une Libye se transforme en « marché » pour la traite d'êtres humains et qui pourrait être un terreau fertile pour le recrutement des groupes terroristes et criminels. Fatou Bensouda a-t-elle seulement les moyens d'agir face à ces menaces qui se profilent ?

Ibrahima Bayo Jr.

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Commentaires 2
à écrit le 20/11/2017 à 15:21
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Nos espoir répose sur la CPI. Condamné les coupables reste la seule chose à accomplir pour que justice soit faite.

à écrit le 10/05/2017 à 15:19
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Qu'attend la Cour pour enquêter sur les vraies raisons de cette situation : l'assassinat du guide lybien par une bande de flibustiers des temps modernes et le chaos voulu et entretenu en Lybie ?

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