Sénégal : les grilles de Rebeuss retiennent encore Khalifa Sall

L’espoir d’une liberté provisoire se fracasse une nouvelle fois sur les grilles de la prison de Rebeuss. Comme le doyen des juges en avril, la chambre d’accusation de la Cour d’appel s’est opposée à la demande de mise en liberté provisoire de Khalifa Sall. Le maire de Dakar, incarcéré depuis mars dernier dans une sombre affaire politico-judiciaire de détournement présumé de fonds publics, pourrait mener la bataille des législatives de juillet depuis la cellule de la prison urbaine la plus peuplée du pays.
Ibrahima Bayo Jr.
Affiche de soutien à Khalifa Sall dans les rues de Dakar.

Même de façon provisoire, Khalifa Sall devra attendre avant de revoir le soleil dakarois du mois de mai. Ce mardi, la Chambre d'accusation de la cour d'appel de Dakar a refusé la requête de mise en liberté provisoire des avocats de l'édile de la capitale sénégalaise.

Après deux refus de la liberté provisoire, le recours en cassation

C'est le deuxième barrage à cette requête que les conseils du maire comptent obtenir avec la perspective des législatives de juillet prochain. En avril dernier, le doyen des juges, sur recommandation du parquet, avait refusé une première demande de liberté provisoire.

«Ils ne veulent pas que M. Khalifa Sall ait la liberté de faire le tour du Sénégal pour faire une campagne pour les législatives de juin 2017, de parler au peuple sénégalais», s'était alors insurgé Me Seydou Diagne, un des conseils du maire de Dakar dans une interview accordée à La Tribune Afrique.

Un double refus qui pourrait prolonger le feuilleton judiciaire, déjà très médiatique et politique de l'affaire de la «caisse d'avance». Les avocats du maire n'excluent pas l'introduction d'un recours devant la Cour de cassation et même devant la Cour suprême pour faire aboutir la mise en liberté provisoire.

«Pour qu'une personne soit jugée, il n'est pas nécessaire qu'elle soit maintenue en détention. Il suffit de la laisser libre et de la convoquer si besoin, surtout lorsque cette personne présente toutes les garanties de représentation en justice, notamment lorsqu'on assure des fonctions de gestion d'une aussi grande ville que Dakar», ajoutait l'avocat du maire dans la même interview.

Vers la première campagne menée depuis une cellule

En coulisses pourtant, des sources sous le sceau de l'anonymat avaient confié à La Tribune Afrique que pour refroidir «la patate chaude» politique de cette affaire, le président Macky Sall était favorable à une libération sous caution du maire de Dakar. Certains vont même jusqu'à présenter Khalifa Sall comme un «prisonnier politique» qui pourrait faire sa mue et devenir le prochain adversaire de Macky Sall pour la présidentielle de 2019.

Bien avant cette perspective lointaine, le maire de Dakar devra d'abord passer par la case des législatives de juillet 2017, véritable test de son poids politique dans le pays. En attendant, c'est Soham El Wardini, l'adjointe du maire qui assure l'intérim à la mairie de Dakar.

Mais, prévient l'avocat du maire, si les grilles de Rebeuss retiennent encore son client jusqu'aux législatives, le maire de Dakar pourra «mener sa campagne depuis sa cellule». Ce sera une première dans le roman politique sénégalais. En tout cas, les premiers coups des législatives seraient alors portés depuis Rebeuss !

Ibrahima Bayo Jr.

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