Le Maroc vient d'annoncer le rétablissement de ses relations diplomatiques avec Cuba, après 37 ans de rupture entre les deux pays. Un « dégel » acté par les ambassadeurs à l'ONU du Maroc et de Cuba, Omar Hilale et Anayansi Rodriguez Camejo qui ont signé un « accord sur le rétablissement des relations diplomatiques au niveau des ambassadeurs ».
Opération de séduction vers un allié historique du Polisario
Ce rétablissement des relations diplomatiques entre La Havane et Rabat met un point final à l'un des reliquats de la guerre froide. En effet, la brouille entre les deux pays vient suite à la reconnaissance de de Cuba de l'autoproclamée RASD par le front Polisario. Bien qu'éloigné géographiquement, Rabat et La Havane était des rivaux lors de la guerre froide et se sont même affrontés militairement lors de certaines escarmouches.
En plus d'être un soutien historique du Polisario, avec l'Algérie et l'Afrique du Sud. Les premières tensions entre les deux pays remontent à 1963, lors de la « guerre des sables » en 1963 entre le Maroc et l'Algérie où Cuba avait apporté son aide à Alger. Les deux pays se sont également affrontés au Congo (encore Zaïre à l'époque) où Rabat se trouvait dans le camp de Kinshasa et La Havane soutenait les sécessionnistes du Katanga.
Cette reprise des relations entre les deux pays coïncide avec la récente visite privée du Souverain marocain à Cuba. Une visite privée qui pourrait avoir permis à des responsables cubains et marocains de se rencontrer pour préparer ce rapprochement. Selon le ministère des Affaires étrangères marocains, cette décision s'inscrit dans « le cadre de la diplomatie pro-active » prônée par Rabat lors des dernières années, qui se caractérise par une « ouverture sur de nouveaux partenaires et espaces géographiques ».
Une année 2017 chargée pour la diplomatie marocaine
Cet accord entre les deux pays devrait être suivi par l'ouverture prochaine d'une ambassade marocaine à La Havane. L'année en cours a été marquée par un intense effort diplomatique de Rabat qui a vu le Maroc faire son retour au sein de l'Union africaine en janvier dernier et de plusieurs tournées continentales du chef de l'Etat marocain notamment en Afrique de l'Est où de nombreux pays reconnaissent le Polisario. Une manière pour Rabat de les convaincre de couper les ponts avec le mouvement indépendantiste.
Il n'empêche que contrairement aux pays africains, Cuba a toujours eu une implication poussée voir même physique dans les différentes étapes du conflit du Sahara jusqu'au cessez le feu de 1991. En plus de fournir le Polisario en armes et munitions, des éléments médicaux, techniques et d'intelligence étaient déployés dans les secondes lignes du front. Cuba a par ailleurs, accueillis de nombreux sahraouis sur son territoire. Reste à savoir, si ce rapprochement pourrait faire basculer l'un des alliés historiques du Polisario du côté marocain.
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