Législatives en Gambie : Adama Barrow tient sa majorité parlementaire

31 sièges sur les 53 de l’Assemblée nationale gambienne ! C’est plus que la majorité absolue dans la seule chambre du parlement que compte le pays. En dépit du peu d’affluence sur les bureaux de vote, le score réalisé par le parti démocratique unifié (UDP, au pouvoir) permet donc à Adama Barrow d’asseoir son pouvoir. Le temps des promesses est passé, le nouveau locataire de la State House doit maintenant s’attaquer aux réformes. Le temps presse pourtant pour un président qui avait promis de ne rester aux affaires que pendant trois ans avant de passer la main.
Ibrahima Bayo Jr.

Avec une coalition disloquée, le jeu des billes n'était pas favorable à une victoire du camp d'Adama Barrow à ces législatives du 06 avril. Mais à contre-courant d'une presse panafricaine qui annonçait déjà sa défaite, le Parti démocratique unifié (UDP) de l'actuel président a déjoué les pronostics.

Une majorité absolue pour le nouveau président

A l'annonce des résultats de la partie de billes par la commission électorale gambienne (IEC, acronyme en anglais), le parti au pouvoir a remporté 31 des 53 sièges de l'Assemblée nationale. En plus du « privilège » constitutionnel de nommer 5 députés supplémentaire, Adama Barrow dame le pion aux 8 autres partis en lice qui ont présenté un total de 239 candidats. Le nouveau président sort largement majoritaire de ces élections

D'un autre côté, c'est une revanche historique sur l'Alliance patriotique pour la réorientation et la construction (APRC) de l'ancien président Yahya Jammeh. Ce dernier régna pendant les 22 ans de règne de l'autocrate sur le Reverend Pye Lane Building, le siège de l'Assemblée nationale en raison des boycotts répétés de l'opposition. Malgré la machine électorale parfaitement huilée déployée sur le terrain pour les législatives de 2017, le parti de l'ancien président n'a pu glaner que 5 sièges malgré la trentaine de candidats inscrits. C'est six fois moins que le score d'Adama Barrow.

Les partis qui composaient la coalition des 7 partis qui ont porté Adama Barrow au pouvoir n'ont guère fait mieux. Loin de la cohésion de la présidentielle de décembre, au moment de la constitution des listes, ces formations politiques avaient décidé de faire cavaliers seuls pour les législatives, sans doute pour peser leur poids politique sur l'échiquier. Au final, le Parti de la Réconciliation Nationale (NRP) tout comme le Congrès démocratique de Gambie (GDC) n'ont pu amasser que suffisamment de billes pour obtenir cinq sièges de députés chacun.

.Des défis et une promesse

Le décevant 42% de taux de participation tranche avec l'affluence de la présidentielle de décembre 2016 qui avait plus d'enjeux. C'est le seul bémol de ces premières élections post-Jammeh sous l'œil des observateurs de l'Union africaine, de la CEDEAO et de l'Union européenne qui signalent un scrutin dans le calme. Elles permettent à la Gambie de tourner la page de l'autocrate aujourd'hui exilé en Guinée Equatoriale.

Et maintenant ? Le cap devrait mis sur la nouvelle Gambie avec les réformes promises par Adama Barrow. Quand la poussière des élections sera retombée et que les tambours qui ont animé les meetings se seront tus, le président Adama Barrow fera face à l'exercice réel du pouvoir.

Désormais assuré d'une confortable majorité au Parlement, l'heure est maintenant aux actes en prenant les mesures qui vont permettre rapidement de diversifier l'agriculture et de faire redémarrer le tourisme, le commerce et l'industrie. L'urgence sociale de sortir la majorité des 60% des 1,8 millions de Gambiens pauvres, sera le premier défi d'Adama Barrow.

Mais le temps joue contre le nouveau locataire de la State House. Sa nouvelle opposition fera vite de lui rappeler qu'il a promis de ne rester que 3 années au pouvoir avant d'organiser une nouvelle présidentielle à laquelle il ne prendra pas part. Le chrono tourne et les réformes n'attendent pas tout comme l'espoir du peuple de voir sa vie quotidienne se bonifier.

Ibrahima Bayo Jr.

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