Retrait de la CPI : la Zambie s’en remet à l’opinion des citoyens

C’est en quelque sorte un référendum dépouillé des opérations de vote d’un scrutin classique. Sans glisser un bulletin dans une urne, les Zambiens de 30 provinces sur les 130 du pays sont invités à se prononcer sur le maintien ou non de leur pays sur la liste des membres de la Cour pénale internationale (CPI). Une consultation nationale sous l’arbre à palabres qui s’inscrit dans le sillage de la fronde africaine contre la juridiction internationale.
Ibrahima Bayo Jr.

Sortir ou non de la Cour pénale internationale(CPI). Telle est la question sur laquelle les Zambiens devront se prononcer pendant deux mois. Le gouvernement a lancé ce lundi 27 mars, une consultation nationale destinée à donner la parole aux citoyens sur un retrait ou un maintien éventuel de la juridiction internationale.

Une consultation pour préciser la position officielle de la Zambie...

Du lancement de la consultation à sa fin prévue en mai, des réunions publiques organisées dans les provinces permettront aux Zambiens de fournir leurs arguments en faveur de l'une ou l'autre option. L'organisation de la consultation nationale, pilotée par le ministère de la Justice, aura coûté quelques 33.000 euros.

Les citoyens des autres provinces pourront quant à eux envoyer leurs réponses par écrit via une plateforme dédiée. Les réponses collectées auprès des citoyens seront ensuite compilées afin de dégager une réponse reflétant l'opinion la plus répandue chez les Zambiens.

Le gouvernement se basera alors sur cette compilation de réponses pour prendre position en faveur du retrait ou du maintien du pays à la CPI. La position officielle de la Zambie ne sera dévoilée qu'en juin lors du sommet de l'Union africaine (UA) à Addis-Abeba en Ethiopie.

Cette décision risque de peser lourd dans la balance sur le haro général des pays africains sur la Cour pénale internationale. En janvier, lors du sommet de l'UA, la grogne contre la juridiction basée à La Haye aux Pays-Bas, accusée d'être exclusivement tournée vers la poursuite d'Africains, avait motivé une résolution non contraignante pour un retrait collectif de tous les pays africains de la CPI.

Cette résolution était en quelque sorte la fin du film de l'année 2016 marquée par une fronde ouverte lancée de certains pays africains contre la juridiction de La Haye universellement compétente pour enquêter et sanctionner les crimes de guerre et les crimes contre l'Humanité commis dans le monde.

... dans le sillage de la fronde africaine contre la CPI à l'UA

Sans attendre un aval de l'agora africaine, le Burundi a consommé le divorce avec la CPI en actant son retrait du Statut de Rome en octobre 2016 sur fonds de brouille entre la juridiction internationale et le pouvoir burundais.

 Le retrait de l'Afrique du Sud, initié par Jacob Zuma au même moment a été stoppé net par la justice du pays qui le jugeait inconstitutionnel pour ne pas avoir consulté le parlement. Ce n'est peut-être que partie remise.

La Gambie de Yahya Jammeh qui qualifiait la CPI de « juridiction néocolonialiste » avait introduit une procédure de divorce mais le processus avait été enrayé à la faveur de l'arrivée au pouvoir d'Adama Barrow.

Des pays comme le Kenya dont le président Uhuru Kenyatta avait été pourtant acquitté, songe à claquer la porte de la CPI. Plus récemment, la Namibie a conditionné son maintien au sein du club des 124 pays membres de la CPI à la ratification par les Etats-Unis du Statut de Rome qui créa en 1998, la juridiction.

Même si leur pays en est encore membre, des Congolais avaient lancé une pétition pour réclamer le retrait de Brazzaville du Statut de Rome donc de la CPI.

Malgré cette volée de bois vert contre la juridiction basée à La Haye, des pays comme le Sénégal -qui dirige l'Assemblée des Etats parties au Statut de Rome- ou encore la Côte d'Ivoire, le Cap-Vert et le Nigéria soutiennent le maintien des pays africains dans la CPI. La même position a été soutenue par le Ghanéen Koffi Annan, ancien SG de l'ONU.

Les récriminations qui bruissent dans les couloirs des 21 étages du gratte-ciel abritant le siège de l'Union africaine, promettent des débats houleux lorsque le sujet sera évoqué en juin à Addis-Abeba.

Ibrahima Bayo Jr.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.