« Arrangement particulier » en RDC : le conclave de la dernière chance ?

Tous les yeux seront rivés ce lundi sur la cheminée du bâtiment de deux étages sis Avenue des Monts Virunga à Kinshasa qui abrite le centre inter diocésain. Les évêques de la Cenco devront prononcer une homélie décisive pour convaincre les acteurs politiques d’évacuer les derniers écueils qui bloquent la signature de l’« arrangement particulier » de l’accord de la Saint-Sylvestre. Du conclave pourrait s’échapper la fumée blanche qui devrait conduire la RDC vers sa première alternance politique pacifique depuis son indépendance.
Ibrahima Bayo Jr.

« Ça passe ou ça casse ! ». C'est la substance du message des évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco). Les prélats se sont sans doute lassés des navettes, de l'entêtement et de la mauvaise foi des différents protagonistes... au point de taper du poing sur l'autel ! De blanc et de pourpre vêtus, croix autour du cou et chapelet à la main, ils vont arpenter les couloirs du centre inter diocésain pour le conclave (peut-être) de la dernière chance.

Journée décisive pour résoudre la particularité de l'arrangement

Mais quelle homélie vont-ils professer pour parvenir à convaincre la majorité présidentielle et l'opposition d'évacuer les écueils de l'accord politique soumis à un arrangement particulier ? En tout cas, ce lundi sera décisif pour clôturer les négociations bloquées depuis 3 mois et qui risquent de retarder encore les échéances électorales prévues cette année.

Parmi ces dernières, la présidentielle qui devrait acter la fin officielle du mandat de Joseph Kabila prolongé par une méthode que les Congolais ont fini par baptiser ironiquement « le glissement ». Depuis la signature de l'accord politique du 31 décembre dernier, Joseph Kabila joue la montre et profite des divisions de l'opposition pour ne pas organiser la transition politique de son après second mandat constitutionnel.

L'homme du Palais de la Nation a surtout profité de circonstances fortuites comme la mission des évêques au Vatican, ou tristes comme la mort de l'opposant Etienne Tshisekedi, qui ont conduit au report des discussions sur les derniers écueils qui bloquaient encore la mise en œuvre de l'accord politique.

Au centre interdiocésain où se tiennent les discussions, les évêques envisagent de mettre un dernier coup de pression sur le pouvoir comme sur l'opposition pour parvenir à faire signer vaille que vaille l'accord, ce lundi 27 mars. Une perspective difficile à envisager tant les négociations à nouveau ouvertes le lundi 20 mars dernier, butent sur les mêmes désaccords non encore réglés.

Des désaccords persistants qui mettent en doute la mise en oeuvre de l'accord

Il s'agit de la désignation -notamment la méthode- du Premier ministre. Le rassemblement de l'opposition souhaite désigner une personnalité que Joseph Kabila se chargera ensuite de nommer. Du côté de la majorité, on évoque « la prérogative présidentielle » de choisir parmi une liste de noms pour « respecter la constitution ». La distribution des maroquins au sein des postes stratégiques de souveraineté et la taille de l'équipe gouvernementale sont aussi des points qui devraient s'inviter dans les débats.

Autre point délicat auquel il faudra trouver un consensus, le remplacement du président du comité national de suivi de l'accord (CNSA), chargé de mener la transition qui provoque des remous au sein de l'opposition. Une partie de celle-ci souhaite que le poste soit en quelque sorte remis en jeu.

Les évêques vont donc prêcher des acteurs volontairement incrédules, sans véritable volonté de parvenir à sortir le pays de la longue crise politique qui couvre une crise économique oubliée de tous au nom de l'appétence pour le pouvoir et l'ambition de prendre l'ascenseur politique.

On se dirige vers un jour aussi long que le 19 décembre dernier, date de la fin constitutionnelle du mandat de Joseph Kabila. Le temps presse, entre l'enrôlement des électeurs et l'organisation de la transition qui devrait baliser le terrain à l'organisation des élections. Tout retard conforterait Joseph Kabila sur son fauteuil du Palais de la Nation qu'il devrait céder d'ici la fin 2017.

Pour l'heure, l'optimisme de voir l'accord être avalisé pour une mise en œuvre s'amenuise de plus en plus. L'espoir de voir s'échapper une fumée blanche du conclave au centre interdiocésain aussi !

Ibrahima Bayo Jr.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.