Dialogue politique au Gabon : vers une réconciliation nationale sans Ping ?

A chacun son conciliabule. Après la conférence nationale de Jean Ping, place maintenant au « dialogue national inclusif » d'Ali Bongo. Au moment où le chef de l'Etat gabonais s'apprête à lancer sa conférence nationale, l'opposant annonce d'ores et déjà qu'il ne sera pas sous l'arbre à palabres. Le dialogue de sourds national se poursuit.
Ibrahima Bayo Jr.

« Un seul doigt ne lave pas la figure : l'union fait la force ». Près de 6 mois après sa réélection contestée jusque dans le rapport final de l'Union Européenne, Ali Bongo Ondimba va sans doute prêcher ce proverbe gabonais pour la relance de son dialogue politique national.

La date du dialogue, la grande inconnue

A la suite de Jean Ping en décembre dernier, le président gabonais va lancer, sans date précise pour le moment, un dialogue qui se veut inclusif. Les travaux préparatoires de ce dialogue, lancés le 15 février, ont été clôturés ce week-end. Le rapport final qui sera bouclé, ce lundi 27 février, sera remis au chef de l'Etat. Il lui appartiendra ensuite de fixer une date pour le lancement officiel de ce dialogue qui réunira les différentes forces politiques et sociales du pays.

Dans le détail, si le chef de l'Etat gabonais active les discussions sous l'arbre à palabres national, le dialogue sera organisé en deux phases. La première phase concerne les citoyens gabonais, préalablement inscrits, qui pourront alors apporter leur contribution sur la situation du pays.

Par la suite, 75 délégués accrédités par la majorité présidentielle et 75 autres accrédités par l'opposition constitueront les 150 médiateurs chargés de discuter les différents axes du dialogue réparties en autant de commissions : institutions, système électoral, vie publique et réconciliation nationale.

Sous la supervision d'un bureau paritaire et d'observateurs étrangers invités, les commissaires discuteront, point par point, des sources de complications entre les acteurs politiques avant d'adopter, par consensus, des recommandations destinées à apaiser le climat politique et social au Gabon.

Bongo veut se lancer, Ping va se dérober

Ce climat politique avait été marqué par la longue crise post-électorale suite à la réélection contestée d'Ali Bongo Ondimba (ABO). Avec un score presque soviétique dans la région du Haut-Ougoué, ABO a rempilé à la tête du Gabon après son premier mandat entamé en 2009. Réélu d'une courte avance sur fonds d'accusations de fraudes face à son principal rival Jean Ping, la réélection d'Ali Bongo a été accueillie à Libreville et Port-Gentil par des heurts proches de guérillas urbaines qui ont provoqué l'incendie de l'assemblée nationale et plonger le pays dans l'incertitude.

La crise s'est soldée devant la cour constitutionnelle gabonaise saisie par l'opposant Jean Ping après que l'Union européenne ait relevé le manque de transparence du scrutin. Après plusieurs recours infructueux et une auto-proclamation avant même la publication des résultats, Jean Ping continue de réclamer sa « victoire volée » et se considère toujours comme le président élu du Gabon.

Toujours prisonnier de cette logique contestataire au point perdre son directeur de campagne qui participera aux discussions, Jean Ping va briller par son absence au dialogue convié par son vainqueur, un mois après son investiture. Ce dialogue intervient alors l'organisation reportée des élections législatives aurait pu présager d'un nouveau spectre de violences dans le pays. La perche tendue par le pouvoir est peut-être un moyen de réaliser (enfin !) la réconciliation nationale.

Ibrahima Bayo Jr.

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