France : la diaspora gabonaise tient une manifestation anti-Bolloré

La diaspora gabonaise en France lance une véritable offensive contre les multinationales occidentales implantées dans leur pays. Dans un ultime effort de dénoncer les ingérences supposées de ces multinationales dans la politique gabonaise, plusieurs associations vont battre le pavé devant ... la tour Bolloré. Mais le logisticien français n'est pas le seul concerné par les revendications.
Ibrahima Bayo Jr.
Le Groupe Bolloré n'est pas le seul visé par la contestation du collectif associatif

Plusieurs organisations de la diaspora gabonaise organisent, ce mercredi 15 février une manifestation devant la tour du Groupe Bolloré à Puteaux -petite commune des Hauts-de-Seine en France.

Pendant plus de 5 heures, de midi à 17 heures, les manifestants entendent protester contre les ingérences et les accointances supposées du groupe français dans la politique gabonaise. Pour les organisateurs de ce sit-in de protestation, il s'agit d'« exiger le respect des droits des communautés locales touchées par les investissements de Bolloré en Afrique et au Gabon en particulier », indique un document interne de la plateforme d'associations.

Le regroupement d'associations reproche également au logisticien français présent dans 46 pays africains à travers ses 250 filiales d'avoir soutenu l'organisation au Gabon d'une Coupe d'Afrique des Nations (CAN) 2017, « totalement inutile au développement de ce pays ».

Bolloré visé, mais pas seulement

A priori, les actions orientées du groupement d'associations pourraient être assimilées à de l'acharnement contre le Groupe Bolloré. Pourtant, « nos actions ne visent pas seulement le groupe Bolloré. Nous protestons contre la présence et le soutien de plusieurs multinationales occidentales notamment le groupe Gemalto, Total ou encore BNP au régime d'Ali Bongo Ondimba. Nous leur demandons d'être plus soucieuses du peuple gabonais », souffle un des organisateurs joint au téléphone par La Tribune Afrique.

Ces multinationales citées sont toutes présentes dans des secteurs stratégiques de l'économie gabonaise. Le Groupe Bolloré est actif au Gabon dans la gestion du terminal portuaire d'Owendo (sud de Libreville) et plusieurs activités logistiques notamment à travers ses filiales à Port-Gentil, Franceville, Moanda et Mayoumba.

Le groupe français Gemalto, spécialisé dans la biométrie, avait eu maille à partir avec la justice française lorsqu'en juillet dernier trois leaders associatifs s'étaient constitués parties civiles devant le Pôle financier du tribunal de grande instance de Paris.

Marc Ona Essangui, figure de l'opposition gabonaise, Jean-Jacques Eyi Ngwa, président de l'Observatoire gabonais sur la responsabilité sociétale des entreprises, et Louis-Georges Tin, président du Conseil représentatif des associations noires de France (Cran) reprochaient à la multinationale française, le coût jugé exorbitant (40 milliards de Fcfa) tiré des budgets 2011 et 2012 de l'État gabonais pour l'enregistrement biométrique des Gabonais sur les fichiers électoraux.

Quant à la BNP Paribas, elle envisage de se séparer des 47 % de parts qu'elle détient dans la Banque internationale pour le commerce et l'industrie du Gabon (Bicig). Une cession de parts sans cesse remise sur la table et toujours bloquée par l'Etat.

Une bataille judiciaire (peut-être) à venir

La manifestation de ce mercredi s'inscrit dans le cadre d'une série de sit-in coordonnés dans différentes villes et pays où sont présentes les multinationales régulièrement décriées par des ONG internationales. L'organisation Greenpeace par exemple dénonce la déforestation de plusieurs pays africains à cause de l'activité de certaines multinationales.

La première étape de cette série de manifestations se fera devant la tour Bolloré à Puteaux. « Si notre voix n'est pas entendue, nous comptons continuer nos actions pour faire entendre notre cause », explique Jean Jacques Eyi Ngwa, le président de l'Observatoire gabonais pour la responsabilité sociétale des entreprises des administrations et des industries (OGARSEAI), participant à cette manifestation.

Pour ce leader associatif, il faut que « les multinationales occidentales respectent les principes directeurs de l'OCDE [Organisation de coopération et de développement économiques, ndlr] qui mettent en avant l'éthique et luttent contre la mal-gouvernance et la corruption ». En clair, il milite pour que ces multinationales se passent d'affaires dans des pays jugés mal gouvernés où la corruption est régulièrement dénoncée comme élevée.

En filigrane, « nous disposons d'une batterie de recours devant la justice que ce soit dans nos pays d'origine ou dans les pays de provenance de ces grandes entreprises », surenchérit le militant de l'ORGARSEAI.

Ibrahima Bayo Jr.

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