Gambie : Jammeh décrète un état d’urgence de trois mois

A deux jours de l'expiration de son mandat présidentiel, Yahya Jammeh vient d'opérer une seconde volte-face en décrétant l'état d'urgence pour trois mois. Une décision prise alors que l'investiture d'Adama Barrow est imminente. Va-t-on vers le déclenchement d'un affrontement armé pour faire partir Jammeh?

Est-ce un moyen de bloquer le retour d'Adama Barrow pour son investiture prévue le 19 janvier ? En tout cas, la tension dans la crise gambienne est encore montée d'un cran. Ce mardi 17 janvier, à deux jours de l'intronisation d'Adama Barrow, le président sortant Yahya Jammeh vient de décréter l'état d'urgence en Gambie pour une période de 90 jours, selon un décret présidentiel confirmé par une note du parlement monocaméral du pays.

Cette décision intervient à deux jours de l'expiration du mandat constitutionnel de Yahya Jammeh prévu le 18 janvier 2017 à 23h59. Elle intervient également après que la cour suprême gambienne s'est déclarée incompétente à trancher le recours déposé par le président sortant pour faire annuler la cérémonie d'investiture d'Adama Barrow prévue le 19 janvier. L'institution judiciaire dirigée par le Nigérian Emmanuel Fagbenle a aussi indiqué qu'elle ne pourra trancher le second recours en annulation des résultats de la présidentielle qu'au mois de mai 2018.

La crise s'était alors exacerbée. Yahya Jammeh est resté sourd et aphone à la proposition d'asile des députés nigérians. Dans les chancelleries on espère que le maître de Banjul sera plus sensible à la médiation de la dernière chance que le Maroc a enclenché en dépêchant sur place, Nasser Bourita, son ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères pour une mission de bons offices. Au vu des rapports entre le royaume nord-africain et la Gambie (la femme de Jammeh est de nationalité marocaine), cette médiation marocaine est la dernière lueur d'espoir pour espérer convaincre Jammeh de reconnaître sa défaite en échange d'un exil au Maroc.

Vers un affrontement armé pour déloger Jammeh de son fauteuil ?

La mission de médiation de la Cedeao en amont du sommet de Bamako s'est heurtée au refus du président sortant de reconnaître les résultats de la présidentielle du 1er décembre à laquelle Adama Barrow a été officiellement déclaré vainqueur. Ce dernier est pour le moment réfugié à Dakar pour des raisons de sécurité et attendant d'être investi comme le troisième président de la Gambie comme martelé par la Cedeao.

Mais l'état d'urgence décrété par le président sortant rend peu plausible la perspective de tenir l'investiture de Barrow au Stade de l'indépendance à Banjul, là même où Yahya Jammeh a prêté serment 4 fois au cours de sa « carrière présidentielle » qui aura duré plus de 22 ans. Il est à craindre des bruits de bottes en provenance du Sénégal qui avait été désigné pour mener une possible intervention militaire en Gambie avec l'appui de la force de réserve de la Cedeao pour déloger Jammeh du State House. Les derniers jours du bail constitutionnel de l'homme au boubou blanc risquent de se terminer par un affrontement armé !

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Commentaire 1
à écrit le 18/01/2017 à 11:47
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L'Afrique et ses dictateurs auto-proclames. Au diable le changement.

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