Moins d'une semaine après que la CEDEAO ait décidé de charger sa force de réserve (ESF) d'étudier les différents scénarios pour intervenir en Gambie, le numéro 1 de l'armée gambienne, Ousman Badjie, vient de réaffirmer son soutien au président sortant Yahya Jammeh. Dans une déclaration à la presse gambienne, le général Badjie a réitéré son soutien et celui de l'ensemble de l'armée à Jammeh.
Un soutien de plus en plus actif
A ce jour, l'armée avait maintenu un profil bas et n'avait pas clairement tranché entre le président sortant Yahya Jammeh et Adama Barrow vainqueur des présidentielles de décembre dernier. Bien que ce dernier avait déclaré avoir reçu le support des forces armées après l'annonce des résultats officiels, cette hypothèse a été écartée lors de la visite des chefs d'Etats ouest-africains à Banjul. Lors de cette rencontre, le général Badjie est rappelons-le, arrivé avec un badge sur son uniforme où il affirmait son soutien au « commandant en chef, le président Yahya Jammeh ».
L'armée s'est par ailleurs, montrée très critique vis-à-vis de la Commission électorale indépendante (IEC) et son président Alieu Momar Njie, que les militaires accusent d'être responsable d'erreurs inacceptables. Ce dernier a par la suite décidé de fuir au Sénégal après que les locaux de la Commission aient été fermé. Une décision justifiée par des prétendus complots des autorités gambiennes contre Njie et son équipe, qui aurait fait craindre au président de la CEI pour sa sécurité et celle de sa famille.
Offensive judiciaire et bruits de bottes
Parallèlement, la formation politique de Jammeh, l'Alliance patriotique pour la réorientation et la construction (APRC) a déposé deux nouvelles plaintes auprès de la Cour suprême gambienne. Pour l'APRC, les résultats de l'élection présidentielle auraient été falsifiés dans deux régions, entraînant la défaite électorale de Jammeh. Des recours qui seront examinés par le Cour le 10 janvier (9 jours avant l'expiration du mandat de Yahya Jammeh).
A l'offensive juridique de l'APRC, s'ajoutent la fermeture de 3 radios privées le 1er janvier dernier. Une fermeture opérée par des membres de l'Agence nationale du renseignement (NIA), sur ordre de leur hiérarchie. Seule Afri Radio a rouvert ses portes, mais elle ne diffuse que de la musique. Là où Teranga FM et Hilltop Radio n'ont toujours pas repris leur activité. La NIA a également brièvement détenus des militants de l'opposition.
La crispation des autorités gambiennes a quelques jours de la fin de mandat de Jammeh, devrait entraîner une intensification de la pression de la CEDEAO et des Nations Unies sur le régime pour assurer une transition pacifique du pouvoir. Il n'empêche que la possibilité d'un recours à la force via l'ESF (probablement sous commandement sénégalais) semble avoir ressoudé les rangs de l'armée autour de Jammeh (lui-même militaire). Reste à savoir si l'état-major de l'ESF est prêt à s'engager dans un conflit ouvert pour assurer l'investiture d'Adama Barrow et est-ce que l'armée gambienne à les moyens de résister à un assaut coordonné avec près de 5.000 hommes, une marine peu équipée et aucun moyen de verrouiller l'espace aérien gambien, ce qui offre un avantage tactique indéniable aux forces de l'ESF.
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