Législatives 2017 au Sénégal : Quinze députés vont représenter la diaspora au parlement

Aux législatives de juillet 2017, la diaspora sénégalaise va faire sa première entrée dans un parlement élargi comme la quinzième région administrative du pays. Les 150 députés de l’Assemblée nationale siègeront à partir de la prochaine législature avec 15 nouveaux députés représentant les Sénégalais de l’extérieur. Une première dans le pays qui renforce sa démocratie. Mais d’autres raisons expliquent cette mesure portée à bout de bras par le pouvoir au risque de froisser l’opposition.
Ibrahima Bayo Jr.
L'entrée de l'Assemblée nationale sénégalaise

Ce sera la 15è région administrative du Sénégal. Longtemps attendue, toujours épiloguée dans de houleuses joutes verbales entre majorité et opposition, la représentation de la diaspora au sein du parlement sénégalais est enfin devenue une réalité.

La diaspora, 15è région administrative et... première région économique

L'assemblée nationale sénégalaise a approuvé, ce mardi 03 janvier 2017, un projet de loi modifiant le Code électoral pour élargir l'hémicycle sénégalais. Les 150 députés que compte l'Assemblée nationale devront accueillir dès la prochaine législature, 15 nouveaux députés qui représenteront les sénégalais de l'extérieur. « Nous ne sommes pas d'accord sur l'augmentation du nombre de députés de 150 à 165. Le Sénégal fait face à de nombreuses difficultés et les priorités sont ailleurs », s'étouffe Mamadou Faye, député d'opposition qui estime que l'augmentation du nombre de députés entraînerait une hausse du budget alloué au parlement donc des dépenses supplémentaires.

Il ne faut pourtant pas chercher loin pour trouver des motivations à cette entrée des Sénégalais de l'extérieur, considérée comme la 15 région administrative du Sénégal (le pays en compte 14) au parlement. Les raisons sont avant tout économiques. La diaspora sénégalaise dont le nombre est estimé entre 2,5 et 3 millions de personnes, soit l'équivalent de la population de Dakar, contribue à hauteur de 900 milliards de francs Cfa (près de 1,38 milliard d'euros) par an à l'économie nationale soit le tiers du budget 2017 de ce pays ouest-africain de 14 millions d'habitants.

Mais cette force économique non négligeable s'offusquait très souvent de ne pas être assez associée à la gestion des affaires politiques. Mohamadou Mbodj, le coordonnateur du Forum civil a confié à nos confrères de VOA que la participation de députés de la diaspora pourrait permettre d'enrichir le débat politique au Sénégal grâce à la diversité de leurs expériences dans leurs pays d'accueil.

Les sièges de la discorde, un dribble politique pour Macky Sall

Le vote de cette nouvelle loi intervient dans le sillage de la nouvelle constitution adoptée par référendum en mars 2016 et qui introduit 15 nouvelles mesures dont la représentation des Sénégalais expatriés. Concrètement avec la création de 15 nouveaux sièges pour la diaspora, le Sénégal va se doter de 8 nouvelles circonscriptions à l'extérieur de ses frontières en Afrique du Nord, de l'Ouest, du Centre et en Afrique Australe. Mais aussi en Europe de l'Ouest, du centre et du Nord, en Europe du Sud, en Amériques-Océanie et en Asie-Moyen orient.

En dehors de l'augmentation des députés diversement appréciée par la classe politique sénégalaise, l'introduction des Sénégalais de la diaspora dans l'hémicycle est un véritable drible politique du président sénégalais, Macky Sall vis-à-vis de l'opposition.

« Mais pourquoi 15 députés pour les Sénégalais de l'extérieur ? », s'interroge Aïssata Tall Sall du parti socialiste. Quelques semaines avant le vote de cette loi, majorité et opposition étaient entrées en conclave pour régler des désaccords concernant le Code électoral lors des prochaines législatives prévues le 2 juillet prochain. Ces désaccords concernaient notamment le bulletin unique, le mode de scrutin à un tour des élections législatives, l'organisation des élections par une personnalité neutre autre que le ministre de l'Intérieur et l'augmentation du nombre de députés.

Sur ce dernier point, l'opposition proposait de conserver la composition actuelle du parlement avec les 150 sièges pour ensuite en attribuer 10 sièges à des députés choisis au sein de la diaspora dans le but de réduire le poids financier de l'Assemblée nationale. Mais visiblement, le pouvoir a choisi de passer outre les injonctions de l'opposition et de faire passer le nombre de députés de 150 à 165.

 « Nous n'avons jamais eu un accord sur le principe, encore moins sur le nombre de 15 députés. Non seulement ils [les députés de la majorité, ndlr] n'ont pas fait ça mais ils ont augmenté le nombre de dix à quinze », pestifère Thierno Bocoum, un autre opposant. « L'Assemblée nationale est l'annexe du palais présidentiel et ce n'est donc pas la peine d'augmenter le nombre de députés », conclut un autre en référence à l'écrasante majorité de députés acquis à l'Alliance pour la République (APR, au pouvoir) qui a voté le texte.

La loi doit passer devant la table du Conseil constitutionnel qui doit en vérifier la constitutionnalité. En attendant, la majorité présidentielle vient de déclencher officiellement les hostilités pour les législatives de 2017.

Ibrahima Bayo Jr.

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