La Namibie conditionne sa présence à la CPI

L'affaire des défections de la Cour pénale internationale (CPI) continue son chemin et plusieurs pays surtout africains réfléchissent sur la question. La Namibie en fin de semaine déclarait qu'elle ne restera membre de la CPI que si les Etats-Unis venaient à en ratifier le traité fondateur.

La requête est sensée. La Namibie par la voix de son Président de la République Hage Geingob, a annoncé qu'elle ne ferait plus défection de la CPI si la première puissance mondiale ratifiait le texte fondateur de la cour. « Les gens disent qu'elle [CPI, ndlr] ne cible que les dirigeants africains. Cela semble être vrai ... et c'est un problème... Si vous persuadez les États-Unis à adhérer, nous resterons ». En mars dernier la Namibie avait déjà exprimé son envie de quitter la CPI. Avec les récentes défections, l'inquiétude est remontée, la presse voulant savoir si le pays va réellement se retirer et si elle va finalement rester. La réponse est donc claire. Il faudra toutefois attendre encore le vote des parlementaires namibiens sur le retrait du pays de la Cour. Un vote que le Président namibien croit déjà positif « convaincu que les représentants du peuple feront le bon choix en entérinant le retrait du pays de la CPI », a-t-il dit.

Grand financier de ce système de justice international, les Etats-Unis n'ont pourtant pas ratifié le statut de Rome qui a donné naissance à la cour, pour éviter de se mettre sous cette juridiction qui pourrait avoir à poursuivre des anciens présidents américains, avait analysé un expert juriste au Bénin. La CPI a justement par le crédit que lui accordent les Nations, la compétence de poursuivre les personnes pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre, et divers violations grave des droits des peuples. Selon toujours l'expert qui a voulu garder l'anonymat, « Georges Bush aurait pu être jugé par cette cour par exemple pour sa guerre en Irak fondée sur les preuves montées ».

Une cour de justice africaine en perspective

Ces dernières semaines plusieurs pays africains se sont soit retirées soit ont manifesté leur désir de se retirer, de la CPI. Si certains ne l'ont pas encore fait officiellement, cela ne saurait certainement pas tardé.

En expliquant le retrait de son pays, le Président namibien Hage Geingob a fait la proposition d'un autre mécanisme panafricain de justice qui serait proprement indépendant.

« L'Afrique doit développer ses propres processus, systèmes, tribunaux et institutions... Cela nous aiderait à être autosuffisants. Nous devons mettre en place des institutions durables ... pas celles imposées par des pays étrangers », s'est clairement exprimé le Chef d'Etat namibien.

Déjà il y a quelques années, le chef de l'Etat Togolais Faure Gnassingbé à l'occasion d'un rendez-vous international continental à Lomé, avait lui aussi fait la même proposition, invitant même ses pairs à étudier la question.

Deux faits pourraient contrecarrer les plans pour une cour de justice panafricaine. Premièrement la mésentente entre les chefs d'Etat du continent pour des questions de leadership et pour des intérêts avec l'occident et ensuite la question des moyens financiers et de pression de la Cour. Rappelons que la simple cour de la Cedeao s'est plusieurs fois faite humiliée par ses pays membres et que l'Union africaine elle-même est sous perfusion économique de l'Europe à plus de 50%.

Il convient de rappeler pourtant que le continent dispose d'une juridiction qui pourrait bien faire l'Affaire. Il s'agit de la Cour Africaine des Droits de l'Homme et des Peuples qui  a été créée par un protocole à la Charte africaine adopté à Ouagadougou au Burkina Faso, le 9 juin 1998 et est entré en vigueur le 25 janvier 2004. La Cour qui a été créée est composée de 11 juges élus par l'Assemblée des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA et siège  à Arusha en Tanzanie. Toutefois, en raison de l'absence de la ratification du protocole par plusieurs pays ainsi que de son manque d'autorité sur plusieurs affaires, cette Cour est loin de pouvoir répondre aux préoccupations des africains en matière de justice. D'où certainement l'idée de la réactiver avec un élargissement de ses compétences notamment en matière de saisine.

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