Le Cameroun, plaque tournante des diamants de conflit de la Centrafrique ?

Le conflit qui secoue la République centrafricaine depuis 2013 suite à la chute de François Bozizé connaît plusieurs ramifications, dont le trafic illicite des ressources minières du pays. La question vient d'être soulevée par l'organisation Partenariat Afrique-Canada qui a accusé le Cameroun de faciliter le transit des diamants provenant de la Centrafrique voisine vers la chaîne d'approvisionnement légale en raison de ses faibles contrôles, de la contrebande et de la corruption.
Après les diamants de sang du Congo, c'est au tour de la production minière de la Centrafrique en crise d'alimenter les marchés noirs via le Cameroun

L'ONG, Partenariat Afrique-Canada précise dans son rapport publié le 2 novembre, que le Cameroun a démontré son incapacité à mettre en œuvre le Processus de Kimberley, un système international de certification destiné à mettre un frein au commerce des diamants de conflits. Le pays de Paul Biya est accusé d'être une terre de transit des diamants de conflits de la RCA.

En effet, Bangui était sous le coup d'un embargo international après le coup d'État ayant déclenché la guerre civile de 2013. Il n'empêche que l'interdiction d'exportations de pierres précieuses du pays a été partiellement levée dans des zones jugées conformes et libres de conflit.

 Frontières poreuses

Dans son rapport, Partenariat Afrique-Canada estime que les fonctionnaires en charge de vérifier l'origine des diamants, détachés sur les 900 kilomètres de frontière terrestre que ce pays partage avec le Cameroun, sont corrompus. Ce qui a favorisé la non-déclaration des expéditions de diamants sous embargo via des carrefours de transit au Cameroun.

Ainsi le Cameroun a vu sa production de diamants bruts s'inscrire à 6.000 carats en 2015, soit le double de ce qui avait été enregistré un an plus tôt.

Une prouesse qui s'explique par le trafic illicite du diamant centrafricain, selon l'ONG Partenariat Afrique-Canada, dont l'expérience en matière d'élaboration d'approches novatrices pour le renforcement de la gouvernance des ressources naturelles dans les zones de conflit ou à haut risque est reconnue.

 Les négociants camerounais mis en cause

Le rapport dénonce également la mauvaise foi des négociants camerounais qui animent le trafic illicite. En effet, une fois les diamants achetés de l'autre côté de la frontière, ces négociants les transfèrent dans des bureaux d'achat pour les déclarer comme des diamants extraient au Cameroun.

Dès lors, ils arrivent facilement à obtenir des certificats du Processus de Kimberley qui précisent que ces pierres précieuses sont libres de conflit et permettant leur exportation vers les marchés internationaux.

Partenariat-Afrique-Canada appelle par ailleurs, les responsables du Processus de Kimberley, qui se déplacent au Cameroun à imposer des mesures spécifiques au pays. L'ONG propose de resserrer les contrôles internes dans un délai de 3 mois. Pendant ce temps, aucun diamant ne devrait quitter le Cameroun sans une authentification par des experts internationaux.

L'organisation propose par ailleurs l'adoption d'une approche régionale dans le but de s'attaquer au commerce illicite des diamants de conflit de la RCA. Une approche qui doit inclure des pays voisins comme la République démocratique du Congo et l'Angola.

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Commentaire 1
à écrit le 04/12/2016 à 5:25
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Production passée de 600g à 1kg200... Ben avec ça et sur 900 km de frontière! Vive les bug.

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