Cop 22 : Trump président, coup de 'froid' sur le climat

Donald Trump président des Etats-Unis sonne comme une douche froide pour les participants à la COP22 qui se déroule actuellement à Marrakech, au Maroc. En climato-sceptique convaincu, le candidat républicain avait promis de remettre en cause l'engagement des Etats-Unis sur l'Accord de Paris, de réduire les financements publics pour la lutte contre le réchauffement climatique et de déréguler le secteur américain de l’énergie. Pas vraiment rassurant pour l'Afrique qui abrite les zones les plus exposées au réchauffement global.
En climato-sceptique assumé et convaincu que l'homme n'est pas la cause du réchauffement climatique qu'il qualifie de « canular », Donald Trump trouve inutile les mesures convenues dans le traité de Paris et pose fièrement avec son B757 personnel à chaque fois qu'il en a l'occasion.

Ce n'est certainement pas la réaction à chaud de la ministre française de l'Environnement, Ségolène Royal, sur l'élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, qui va rassurer les participants à la COP 22 qui se déroule actuellement à Marrakech, au Royaume du Maroc.

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Réagissant quelques heures après la confirmation de la victoire du candidat républicain, la ministre française qui a pris activement part aux négociations ayant abouti à la ratification de l'Accord de Paris, a soutenu que le président nouvellement élu ne peut pas entraver la mise en œuvre du traité entré en vigueur le 4 novembre dernier.

L'Afrique en première ligne

Elle a en partie raison, puisque l'Accord a été déjà ratifié par quelques 103 pays représentant 70% des émissions de gaz à effet de serre. « Il ne peut pas, contrairement à ce qu'il a dit, dénoncer l'accord de Paris » a martelé sur RTL la ministre française. C'est pourtant ce qu'a promis de faire le candidat républicain durant sa campagne électorale. A présent qu'il est élu à la Maison Blanche, ses tonitruantes déclarations sur ce qu'il pense du réchauffement climatique tout comme son appréciation de la dynamique mondiale actuelle, prennent une toute autre ampleur à consonance assez inquiétante.

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Il en va d'ailleurs de même pour sa politique en matière d'énergie, laquelle n'augure rien de bon pour la planète en général, et pour l'avenir des africains en particulier. En effet, les experts s'accordent à affirmer que les populations africaines sont les plus exposées aux effets dévastateurs du réchauffement global. Sécheresses, pénuries d'eau potable, désertification, inondations extrêmes... sont autant de phénomènes exacerbés par le réchauffement du climat, et qui poussent des millions d'africains dans les rangs des réfugiés climatiques.

Climato-sceptique

Le 45e président des Etats-Unis est un climato-sceptique assumé et le moins que l'on puisse dire, c'est que ses convictions en matière de lutte contre le réchauffement climatique se situent aux antipodes de l'engouement mondial ambiant. Convaincu que l'homme n'est pas la cause du réchauffement climatique qu'il qualifie de « canular », de « pseudoscience » voire même de « connerie », Donald Trump trouve inutile les mesures convenues dans le traité de Paris. « Je vais annuler l'accord de Paris sur le climat » a-t-il promis en mai dernier estimant qu'il est hors de question de donner à des « bureaucrates étrangers le contrôle sur la façon et la quantité d'énergie que nous pouvons consommer dans notre pays ».

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Fidèle à lui-même, il considère que les règles visant à limiter le réchauffement climatique qui ont été adoptées en décembre 2015 à l'occasion de la COP 21 sont de nature à « tuer l'emploi et le commerce ». Par conséquent, il prévoit d'annuler des milliards de dollars que les USA, sous l'ère Obama, se sont engagés à verser aux Nations unies dans le cadre du financement des programmes et actions destinées à lutter contre le changement climatique.

Donald l'a dit, tout est permis !

Sur le plan interne, Trump a annoncé son intention de revenir sur certaines décisions prises par son prédécesseur démocrate Barack Obama notamment l'annulation en février 2015, du projet d'oléoduc Keystone XL, qui devait relier le Canada au Golfe du Mexique. En matière d'énergie justement, Trump entend dérégler complètement le secteur américain et d'en faire un « objectif stratégique de politique étrangère ». L'ambition du nouvel président élu sera de rendre les Etats-Unis « énergétiquement indépendant surtout à l'égard du Moyen-Orient » et pour ce faire, il n'écarte aucune alternative, aussi néfaste soit-elle pour le climat.

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Les restrictions en matière de production d'énergies fossiles seront levées avec en ligne de mire le développement de la fracturation hydraulique pour l'exploitation du gaz de schiste. Le budget de l'Agence fédérale de protection de l'environnement (EPA) sera drastiquement réduit à défaut de la suppression pure et simple de l'institution et Trump entend aussi relancer parallèlement le secteur de l'industrie du charbon. « Quelle stupidité que les régulations qui ferment des centaines de centrales à charbon et bloquent la construction de nouvelles » s'est étonné le candidat républicain dans un de ses meetings.

Fausses notes

Il y a certes une distance entre la théorie à la pratique et même s'il va falloir attendre l'entrée en fonction de Donald Trump pour apprécier véritablement la crédibilité de ses prétentions, son élection aura l'effet d'une fausse note pour la COP 22. Les Etats-Unis sont en effet le deuxième gros pollueur de la planète avec 15,5% des parts mondiales d'émission de gaz derrière la Chine avec 24% mais devant l'Union européenne (11%), l'Inde (6%) et la Russie (5%). Si un probable retrait de l'accord de Paris ne risque pas d'annuler son entrée en vigueur, on imagine mal son impact surtout que le pays de l'Oncle Sam est également attendu dans la mobilisation des financements en faveur du climat.

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A Marrakech, nul doute que cette nouvelle donne sera au centre des discussions et même si ce n'est pour l'heure que des déclarations d'intentions, l'arrivée de Trump à la Maison Blanche constitue un sérieux motif d'inquiétude pour « les sauveurs de la planète ». Ségolène Royal a donc parfaitement raison de prévenir « qu'il va falloir redoubler de combativité pour gagner la bataille contre le climat et être extrêmement vigilant et riposter à chaque fois que des tentatives seront faites pour affaiblir cet accord ». Il y a en effet de quoi s'inquiéter à l'heure où l'enjeu crucial pour les négociations qui se poursuivent jusqu'au 18 novembre prochain, est de mobiliser les financements afin de concrétiser les engagements souscrits dans le cadre de l'Accord de Paris. Il est vrai qu'en politique, les promesses électorales sont une chose et leur mise en œuvre en est une autre. Cependant, pour celui qui a été élu sur la base d'un programme largement qualifié de « farfelu » par certains médias et qui a déjoué tous les pronostics, il serait plus prudent de le prendre au mot et d'envisager tous les scénarii...

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