Sur le continent, Airtel possède pas moins de quinze filiales, mais seulement cinq d'entre elles sont considérées comme rentables au Nigeria, Zambie, Seychelles, Ghana et Ouganda. Or, l'entreprise de télécoms est sous une pression financière intense après le déclenchement d'une guerre des prix d'anthologie en 2016 avec son concurrent Reliance Jio sur son marché historique indien. Ce dernier a en effet lancé en Septembre une vaste opération de promotion de son offre 4G, incluant des forfaits internet totalement gratuits. Accusé de concurrence déloyale par Airtel, qui a saisi le régulateur indien, Reliance Jo ne s'est pas démonté et a maintenu ses offres. En réaction, Bharti Airtel a du réduire le prix de ses forfaits de 66%, ce qui a impacté son résultat net 2016 de 54,5%.
Poids de la dette, réduction des bénéfices
Cette réduction drastique des bénéfices du premier opérateur indien a ainsi mis en lumière le poids immense de sa dette, estimée à 14,3 milliards de dollars, et conduit l'opérateur à envisager une vaste opération de consolidation de ses opérations en Afrique. Celle-ci prendrait vraisemblablement forme en conservant des participations minoritaires dans les pays où l'opérateur n'est pas dans le Top 2, ce qui lui donnerait le double avantage de dégager du cash frais issu de la cession de ses parts, tout en conservant une participation dans une entité plus viable. Airtel a déjà conduit une opération similaire au Bangladesh et au Ghana l'an dernier , selon le journal indien « Economic Times », ce qui lui a permis de devenir actionnaire du second opérateur dans ces marchés, au lieu de rester cantonné dans la position du challenger.
Airtel ouvert, Orange « no comment »
Toujours selon « Economic Times », qui a pu toucher à la fois un porte-parole d'Orange et d'Airtel, l'opérateur français serait le mieux placé pour prendre une participation majoritaire dans les licences des six pays concernés, Rwanda, Niger, Tchad, Congo-Brazzaville, le Kenya et la Tanzanie, arguant du fait qu'Orange est le seul opérateur à avoir une démarche «de long terme » sur le continent, tout en étant « agressif ».
L'opérateur Airtel, quant à lui, a affirmé via son porte-parole n'avoir « aucune stratégie pour quitter les quinze pays où le groupe opère en Afrique » mais s'est toutefois dit « ouvert à la consolidation dans certains pays où le groupe dispose d'une empreinte faible », avant d'ajouter qu'Airtel a toujours « maintenu ses opérations dans les pays où le business modèle n'est pas soutenable du fait de l'hyper compétition, tout en s'engageant activement avec d'autres acteurs dans ces marchés afin de créer des entités viables à travers des opérations de consolidation ».
Quant à Orange, l'opérateur tricolore a affirmé ne pas souhaiter commenter des « rumeurs de marché », mais selon des informations fiables obtenues par La Tribune Afrique, les Etats-Majors des deux groupes seraient en contact étroit. A la manoeuvre, l'inévitable Bruno Mettling, bras droit du PDG du groupe pour l'Afrique et le Moyen Orient. Quant à la banque d'affaires retenue pour accompagner le groupe Orange dans cette transaction, des sources proches du dossier affirment que cela pourrait bien être Lazard, qui avait déjà contribué à clôturer le deal au Burkina et en Sierra Leone, aux côtés de la Société Générale.
Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !