Gaz/Egypte : l'entrée en scène des investisseurs privés, plus qu’une question de mois ?

Les investisseurs privées, nationaux comme étrangers, n’attendent que ça, la possibilité de miser dans le secteur du gaz naturel en Egypte, jusqu’ici monopolisé par l’Etat et dont le fort potentiel fait pourtant l’unanimité. L’entrée en vigueur de la loi qui ouvre la porte à la libéralisation est attendue dans les prochains mois, sauf imprévu...
Ristel Tchounand

Le secteur du gaz naturel en Egypte s'apprête à connaitre une véritable révolution avec l'entrée en scène des investisseurs privés. Jusqu'ici l'apanage de l'Etat, la libéralisation de ce secteur n'est plus qu'une question de mois, selon la procédure de validation des projets de loi en vigueur dans le pays. Sur approbation du président de la République, Abdel Fattah al-Sissi en effet, la Chambre des représentants a approuvé le mois dernier le projet de loi relatif à la libéralisation du secteur et la nouvelle loi devrait être promulguée d'ici fin 2017.

Le texte exige la création d'une autorité de réglementation qui serait chargée de délivrer les licences aux investisseurs pour le transport, le stockage, la distribution, ainsi que la commercialisation de gaz naturel liquéfié. Une nouvelle orientation qui ouvrirait la porte à l'importation de gaz par les entreprises privées.

Vers l'autosuffisance d'ici 2019

S'attendant en outre à éveiller l'appétit des investisseurs à tous les niveaux, le projet de loi prévoit l'autosuffisance énergétique en Egypte d'ici 2019. Cela serait rendu possible, en partie, grâce à la production finale des trois grands gisements récemment découverts (Zohr, North Alexandria et Nooros) qui, selon un document officiel, devraient produire 4,9 milliards de pieds cubes par an d'ici 2019, contre 4,3 milliards actuellement. Dans ce contexte, le ministre égyptien du pétrole, Tarek El-Molla, s'attend même un peu plus tôt à des signes d'autosuffisance. « Ce sont des projets importants qui augmenteront notre production de gaz naturel et contribueront à l'autosuffisance vis-à-vis du gaz naturel déjà, dès la fin de 2018 », a-t-il confié à la presse.

Dans le sillage des difficultés économiques apparues dans un contexte de crise socio-politique suite au départ de l'ancien président Hosni Moubarak, l'économie égyptienne -pourtant jusqu'à lors la première d'Afrique du Nord et l'une des plus importantes du Continent- a fais les frais d'un ralentissement sévère. Appuyé par le FMI, le gouvernement a récemment mis en place une série de mesures radicales afin d'aider l'économie du pays à relever la tête et retrouver l'équilibre : instauration de la fluctuation de la monnaie, levée des subventions sur certains produits de première nécessité (farine et pain), hausse des prix du carburant, hausse des prix de l'électricité pour les ménages (jusqu'à 42%)... A côté de cela, le plan d'amélioration du climat des affaires séduit les investisseurs à tel point que sur les 10 milliards de dollars d'IDE prévus en 2017, les autorités égyptiennes avaient déjà récolté 8,7 milliards de dollars en juin dernier.

Pour un marché plus libre

Désormais, Le Caire mise énormément sur la libéralisation de son secteur gazier pour accélérer l'arrivée de nouveaux investisseurs et tirer l'économie vers le haut. A noter que les hydrocarbures en général contribuent à 9% du PIB égyptien et représentent environ 40% des exportations, dans ce pays d'Afrique du Nord, qui reste le sixième exportateur de gaz naturel au monde. Et sa volonté d'ouvrir le secteur au privé est très bien reçu.

« Cette loi libère efficacement le gouvernement du fardeau de la croissance rapide de la consommation de gaz naturel et le transforme en régulateur. Cela va dans le sens d'avoir des marchés plus libres en Egypte », a déclaré à Bloomberg Radwa El-Swaify, responsable de la recherche chez Pharos Holding, au Caire.

Très intéressées par le secteur gazier en Afrique, les compagnies occidentales pourraient bien être les premières à proposer leurs services une fois la loi en vigueur, notamment celles déjà investies dans des partenariats avec l'Etat égyptien, à l'instar de l'italien ENI ou encore le britannique BP.

Ristel Tchounand

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