Matières premières : les perspectives africaines toujours en demi-teinte

La correction des cours des matières premières se poursuit toujours sur les marchés internationaux. Les prix de l’énergie et des métaux reprennent certes progressivement des couleurs, mais ceux des produits agricoles restent en déca du bon cru attendu particulièrement par certains pays producteurs africains qui vont devoir continuer à se serrer la ceinture. Le tout dans un contexte économique encore pleins d’incertitudes au regard de l’ampleur des risques ambiants.

Des bonnes et des mauvaises nouvelles pour les pays africains producteurs et exportateurs de matières premières qui vont devoir encore subir l'impact de l'évolution en demi teinte des cours sur les marchés internationaux. C'est dans l'ensemble, ce qui ressort des dernières perspectives économiques, « Commodity Markets Outlook »  que vient de publier la Banque mondiale dans sa dernière édition du mois d'avril 2017.

Selon les données actualisées en cette fin du mois d'avril, les projections font ressortir une hausse des prix des matières premières industrielles pour le reste de l'année. L'un des principaux indicateurs du marché, le prix du baril, devrait terminer l'année à un cours moyen de 55 dollars et pourrait atteindre les 60 dollars en 2018. Selon la Banque mondiale, cette hausse qui reste toujours sous-tendue par la décision des pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et d'autres pays producteurs de pétrole de limiter la production, « entraînera un rééquilibrage progressif des marchés ».

Lentement, la reprise se poursuit, ce qui apporte une certaine bouffée d'oxygène pour les pays exportateurs de pétrole qui ont lourdement pâtit de l'impact de la chute des cours qui s'est accentué à partir de 2014. Il va falloir certes attendre l'année prochaine pour que les pays africains puissent espérer retrouver un certains équilibre budgétaire, mais c'est déjà mieux qu'en 2016 avec les 43 dollars moyens enregistrés. D'autant plus que ce rééquilibrage reste encore entouré d'incertitudes qui peuvent affecter le marché.

« Ces prévisions sont toutefois sujettes à des aléas considérables. La remontée des cours pourrait être plus importante que prévu si la demande se révèle plus soutenue et si les États membres de l'OPEP et les autres producteurs de pétrole respectent plus strictement les engagements de réduction de la production, ce qui aurait pour effet d'accélérer le rééquilibrage du marché », explique John Baffes, économiste senior à la Banque mondiale, l'un des auteurs du rapport Commodity Markets Outlook.

De même, les risques de rupture d'approvisionnement chez les principaux pays exportateurs, ainsi que la décision éventuelle de l'OPEP d'étendre l'accord de réduction de la production ou d'accroître les niveaux de réduction, pourrait entraîner une révision à la hausse des prévisions publiées aujourd'hui. A contrario, « la hausse des prix pourrait être moins importante que prévu si le taux de respect de l'accord de l'OPEP est moins élevé qu'escompté, si la production augmente dans les principaux pays exportateurs ou si la croissance de la demande est plus faible ».

« Les prévisions, qui restent inchangées depuis octobre, traduisent un équilibre entre, d'une part, les effets des réductions de production décidées par OPEP et d'autres producteurs, et, d'autre part, un rebond plus rapide que prévu de l'exploitation des schistes bitumineux aux États-Unis. La demande mondiale de pétrole croît de manière vigoureuse mais à un rythme néanmoins moins rapide qu'en 2015 à la suite de la baisse des cours pétroliers ». John Baffes, économiste senior à la Banque mondiale.

Hausse des prix pour les produits non énergétiques

S'agissant des autres matières premières dont plusieurs pays du continent sont également de grands producteurs, les perspectives s'annoncent plus reluisantes. Ainsi, les cours des matières premières énergétiques, notamment le gaz naturel et le charbon, devraient bondir de 26 % cette année et de 8 % en 2018.

Il est également attendu une hausse des cours des produits non énergétiques pour cette année notamment pour ce qui est des produits agricoles, des engrais, des métaux et des minerais. Ce qui mettra ainsi fin à cinq années de baisse. Selon les nouvelles projections de la Banque mondiale, les prix des métaux devraient bondir de 16 % cette année, « portés par une demande soutenue, notamment en Chine, et des contraintes du côté de l'offre liées à des perturbations dans certains sites miniers du Chili, d'Indonésie et du Pérou ». Les conflits sociaux impactent également l'évolution des cours sur les marchés comme c'était le cas dernièrement en Afrique du sud. Avec l'augmentation des taux d'intérêt de référence et le ralentissement des placements refuges, les métaux précieux devraient céder 1% en 2017 et à nouveau 1% en 2018, anticipe la Banque mondiale.

Les prix agricoles toujours au plus bas niveau

La mauvaise nouvelle vient des cours des prix agricoles. Selon les prévisions, ils devraient certes rester globalement stables en 2017 mais il n y a pas de quoi s'en réjouir si l'on tient compte de leur niveau assez bas. La situation varie en fonction des produits et des récoltes. « Le recul des cours des céréales étant compensé par la hausse des prix des huiles et des produits oléagineux et des matières premières non alimentaires » détaille par exemple le rapport  qui fait cas également d'une progression de 4% des cours des matières premières non alimentaires. De manière générale, « la fin du cycle des phénomènes El Niño/La Niña atténue les risques de hausse entourant les prévisions pour les produits de base agricoles en 2017-18 ».

Cependant, là où les perspectives s'avèrent assez sombres, c'est au  niveau des cours de certains produits comme le café, le cacao et le thé, qui devraient plonger de plus de 6% en 2017, « plombés par une offre plus abondante que prévue».  Une mauvaise nouvelle pour le continent qui représente plus de 70% de la production mondiale du cacao dont les cours ont dévissé de près de 35% sur les derniers mois, engendrant une crise budgétaire assez prononcée au niveau des principaux producteurs africains notamment la Côte-D'ivoire et le Ghana.

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