Gaz : l’Algérie en passe de perdre son client historique, l’Italie

Alors que l’Algérie a démarré 2017 en prévoyant la hausse de ses exportations de gaz vers ses gros clients européens dont l’Italie, cette mesure pourrait n’être applicable que sur une courte période. Rome prépare une nouvelle configuration de son approvisionnement en gaz qui va rayer l’Algérie de la liste de ses pays fournisseurs sur le long terme.
Ristel Tchounand

L'Algérie est-elle sur le point de perdre son client historique italien sur le marché du gaz ? C'est la question qui taraude les esprits ces derniers mois au pays de Bouteflika et qui était à l'ordre du jour ces 9 et 10 avril à la réunion du G7. Et pour cause, l'Italie est en train d'étudier une reconfiguration de son approvisionnement en gaz qui pourrait rayer l'Algérie de sa liste de fournisseurs. Les récentes déclarations du ministre italien du Développement économique, Carlo Calenda, à la presse azerbaïdjanaise, semblent le confirmer. En visite en Azerbaïdjan pour insister sur l'importance du projet du gazoduc Transadriatique (TAP) visant à l'acheminement du gaz naturel azerbaïdjanais vers l'Europe, le ministre italien a estimé ce projet capital pour l'Italie qui cherche à diversifier ses sources d'approvisionnement en gaz, afin de se prémunir des « mauvaises surprises ».

Des propos réitérés, lors d'une autre sortie médiatique, par le directeur général de la sécurité de l'approvisionnement et l'infrastructure énergétique dudit ministère, Gilberto Dialuce. D'après lui, l'Italie ne renouvellera pas un certain nombre de contrats gaziers, « comme celui avec l'Algérie » qui expire en 2019, rapporte l'agence de presse Nova. L'objectif de Rome : diversifier les sources et voies d'approvisionnement en gaz naturel pour mettre l'Italie à l'abri de tout « contretemps », a-t-il souligné.

Rome inquiétée par les projets d'Alger de transformation gazière ?

A Alger, l'orientation du gouvernement italien affole un peu, car l'Italie, ici, est un client historique, la compagnie nationale algérienne des hydrocarbures, Sonatrach et le Groupe italien Eni étant liés par un contrat à long terme. Après avoir en effet exporté vers l'Italie 6.13 milliards m3 au premier semestre 2016, soit une hausse de 87,5%, l'Algérie a retrouvé son rang de deuxième fournisseur de gaz en Italie derrière la Russie, après une régression au 5e rang l'année précédente, devancée par la Russie, les Pays-Bas, la Norvège et la Libye.

Le gouvernement algérien, en revanche, ne semble pas inquiet par rapport à cette orientation. Invité sur une chaîne de télévision privée, le ministre de l'Energie, Noureddine Bouterfa, a estimé que les « contretemps » que craignent les Italiens ont un lien avec l'annonce récente, par Alger, de son intention de transformer localement son gaz. D'après lui, cela inquiéterait les Italiens. En définitive, le ministre a estimé que la non-reconduction des contrats à long terme par l'Italie est une question « italo-italienne ».

Alternative argentine ?

Pourtant, la perte du client italien se répercuterait directement sur les recettes de l'Etat algérien. Les exportations de pétrole et de gaz représentent 60% du budget de l'Etat et 97% des exportations totales du pays. Et ces dernières années, la chute des cours de l'or noir n'a pas été en la faveur de ce pays pétrolier. En 2015 en effet, les recettes pétrolières et gazières de l'Etat algérien ont fléchi à 35,72 milliards de dollars, contre 60,3 milliards en 2014, soit une chute de 41%. En 2016, ces revenus ont baissé de 17,12% par rapport à l'année précédente.

Même si le gouvernement algérien semble très lucide par rapport à la décision italienne, celle-ci l'a bien surpris, puisqu'Alger démarrait 2017 en prévoyant de doper ses exportations de gaz vers les pays européens dont l'Italie. Et jusqu'en mars dernier encore, Eni négociait avec Sonatrach la baisse des prix du gaz exporté vers l'Italie.

Toutefois, cette lucidité de l'Etat algérien pourrait s'expliquer par les autres pistes qui s'offrent à lui pour écouler son gaz, en Amérique du Sud notamment. En visite officielle au pays de Bouteflika en mars dernier, la ministre argentine des Affaires étrangères, Susanna Malcorra, a dit son pays très intéressé par l'importation de gaz algérien. Mais ces approvisionnements arriveront-ils à la hauteur de ceux des Italiens pour soutenir les exportations algériennes ?

Ristel Tchounand

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Commentaires 6
à écrit le 20/09/2017 à 18:06
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L'article ne permet pas vraiment de comprendre les motifs de l'Italie, d'autant que les infrastructures sont en place (les gazoducs Algérie-Tunisie- Sicile). Les Algériens ont quand même du soucis à se faire, car les contrats à long terme, base d'un...

à écrit le 10/04/2017 à 21:03
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Il est dans l'intérêt des pays europeen de diversifier les nombre et la provenance de ses importations.... Surtout sur les matière première comme le gaz ou le pétrole... Nous ne devons nullement être otage de coupure d'approvisionnement... L'offre es...

le 10/04/2017 à 21:38
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A une époque le gaz était peu cher en été, GDF faisait des stocks (sous-terrains) et profitaient des hausses en hiver à la revente, mais parait que les prix sont moins intéressants, ça n'incite plus à stocker l'été [peut-être créer une nouvelle taxe ...

le 10/04/2017 à 22:49
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Ici la Terre ! Merci du conseil, mais c'est l'orientation prise par l'Europe depuis la Géorgie, et encore plus depuis que les envahisseurs russes sont en Crimée et dans le Donbass. C'est à dire des résolutions avec des budgets, des moyens supérieur...

le 10/04/2017 à 22:50
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Ici la Terre ! Merci du conseil, mais c'est l'orientation prise par l'Europe depuis la Géorgie, et encore plus depuis que les envahisseurs russes sont en Crimée et dans le Donbass. C'est à dire des résolutions avec des budgets, des moyens supérieur...

le 11/04/2017 à 22:33
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Rogger, avant de te considerer Europeen,apprend déjà a ne pas faire de fautes (Meilleures , Gaspillages ,en plus des pluriels sans S ) L'Algerie n'a pas besoin de l'Europe ,elle vend ou elle trouve ses avantages et ne se laissera pas faire comme d'au...

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