L'Ouganda enchaîne les grands projets d'infrastructures. Une marche soutenue qui pourrait accélérer la croissance économique du pays en 2018 selon la banque mondiale. Une accélération qui devrait être portée en partie par une reprise anticipée des prêts au secteur privé. Selon les estimations de la Banque mondiale, le taux de croissance devrait atteindre 5,5% en 2018.
La Banque mondiale tempère les ardeurs de Kampala
Une estimation à la hausse, par rapport aux 4,5% de croissance attendus pour l'exercice actuel et les 4,8% enregistrés en 2016. Des pronostics qui contrastent avec ceux revendiqués par le gouvernement ougandais qui prévoit une croissance supérieure à celle estimée par la Banque mondiale et qui se situe entre 6 et 7%.
Un optimisme gouvernemental justifié par la production pétrolière. Ce pays d'Afrique de l'Est consacre également des enveloppes budgétaires conséquentes à la production d'électricité, la construction de route, de chemin de fer et d'un oléoduc qui devra transporter le brut ougandais vers le littoral. Cet effort devrait faire grimper les budgets alloués à ces projets structurants de 11% en 2018. Des enveloppes qui s'établiront à 4 trillions de shillings (1,1 milliard de dollars. Un chiffre qui représente 13% de la totalité des dépenses gouvernementales prévues en 2018, selon le Trésor ougandais.
Retour sur investissement incertain
Tout le pari, pour Kampala consiste à atteindre un équilibre entre l'augmentation des investissements consacrés à l'infrastructure et la captation de dividendes sur les revenus, les exportations et les recettes fiscales générés par ces mêmes projets. Le retour sur investissement dans le secteur pétrolier, une fois la production démarrée conjuguée à une meilleure intégration régionale qui devrait être facilitée par le pipeline ougandais devrait permettre à la croissance de Kampala d'atteindre les 6% à moyen terme.
Le volet pétrolier de la stratégie de croissance économique ougandaise reste sécurisé grâce à l'apport des opérateurs engagés dans l'exploitation des gisements du lac Albert, à savoir Tullow Oil Plc (basé à Londres), China National Offshore Oil Corp et Total S.A. Ces compagnies devront injecter quelques 8 milliards de dollars pour pouvoir exploiter les 6,5 milliards de barils que compte le gisement, sachant que l'extraction des premiers barils est prévue dans 3 ans.
Pic d'endettement public attendu pour 2020
Outre, le secteur pétrolier qui reste autosuffisant, le reste des projets d'infrastructures devrait peser lourds sur les finances publiques. La Banque mondiale vient de tirer la sonnette d'alarme sur la question. En effet, selon les estimations de l'établissement international, la dette publique ougandaise devrait atteindre un pic de 44% du PIB entre 2020 et 2021, contre 35% entre 2015 et 2016.
Un niveau d'endettement qui reste gérable mais tout en étant vulnérable à la faiblesse des exportations ougandaises L'exposition à la dépréciation du taux de change, une collecte de revenus non corrélés aux dépensés et des échéances à court terme de la dette intérieure sont autant de sources d'inquiétude pour la Banque mondiale. La dépendance de Kampala à l'exportation de café qui représente l'une des principales sources de devises du pays fait également partie des points faibles du pays.
Cette hausse attendue du niveaux d'endettement devrait être supportable si Kampala prend les devants et annonce un assainissement budgétaire une fois les projets livrés. Une mesure qui reste envisageable sachant que l'Ouganda compte un ratio impôt-PIB estimé à 13% ce qui reste loin des niveaux observés dans la région. Une augmentation de la TVA par exemple pourrait générer des revenus équivalents à 2,5% du PIB.
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