Pétrole : le Nigéria va s’approvisionner en brut au Niger

Le Nigeria envisage d’importer du pétrole brut du Niger voisin pour alimenter sa raffinerie de Kaduna. Les autorités nigérianes entendent ainsi surmonter les difficultés d’approvisionnement qu’occasionnent les sabotages récurrents de ses installations dans le sud du pays. Cette alternative s’annonce comme une bouffée d’oxygène pour le Niger qui peine à trouver des débouchés pour exporter son brut.

C'est une situation qui pourrait à la limite paraître insolite mais qui illustre l'ampleur du contexte assez difficile que traverse l'industrie pétrolifère au Nigeria. Selon l'annonce faite le weekend dernier par le directeur général de la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC), Dr Maikanti Baru, et rapporté par le quotidien nigérian Vanguard, le gouvernement fédéral envisage d'importer du pétrole brut de la République voisine du Niger afin d'approvisionner la raffinerie de Kaduna dans le nord du pays. Le plus grand producteur d'or noir du continent et membre de l'OPEP, avec des périodes où la production peut dépasser les 2 millions de barils par jour, va devoir importer du pétrole du Niger dont la production, dans les meilleures des projections, n'excède pas les 100.000 barils par jour.

Rupture de stock

Selon les détails donnés par les responsables nigérians, le pétrole qui sera importé va servir à alimenter la Kaduna Refinery and Petrochemical Company (KRPC) à travers la construction d'un pipeline de 1.000 kilomètres qui devrait relier les deux pays voisins. Le recours à la production nigérienne a été justifié par les difficultés d'approvisionnement que rencontre la raffinerie de Kaduna en raison de la série de sabotages qui a visé les oléoducs dans le sud du pays. L'objectif est de permettre à la raffinerie, qui connait régulièrement des ruptures de stocks, d'être pleinement opérationnelle. Les négociations entre la partie nigériane et le ministère nigérien de l'Energie et du pétrole ainsi qu'avec la société chinoise CNPC NP qui exploite le champ pétrolier du bloc d'Agadem, dans le nord-est du pays.

Bouffée d'oxygène pour les finances Nigériennes

La concrétisation de ce projet apporte une véritable bouffée d'oxygène pour le Niger qui manque cruellement de débouchés pour exporter le surplus de sa modeste production. Le pays a entamé l'exploitation de son pétrole en 2011 en partenariat avec des entreprises chinoises. Actuellement, la seule et unique raffinerie nigérienne, la SORAZ (Société de raffinerie de Zinder) ne traite qu'une partie de la production (entre 16 et 20.000 barils par jour) dont 7.000 barils réservés au marché local et le reste exporté vers les pays de la sous-région. Cependant, le pays dispose d'une capacité de production estimée entre 60.000 et 100.000 barils par jour à partir d'Agadem. Depuis quelques années, le Niger est à la recherche de débouchés pour exporter son or noir. Un temps, un accord a même été trouvé avec le Tchad et le Cameroun pour l'acheminement du brut à travers le pipeline déjà entré en service entre les deux pays mais la situation sécuritaire dans le Bassin du Lac Tchad a pris en otage le projet. Avec cette nouvelle ouverture, le Niger va pouvoir acheminer une partie de sa production de pétrole vers le voisin nigérian et selon les autorités de ce dernier pays, l'entrée en service du pipeline et donc de l'importation du brut nigérien. De quoi assurer aux caisses de l'Etat, d'énormes entrées en devises alors que jusque-là, la société civile et les citoyens se plaignent du faible impact de l'entrée du pays dans le club des pays producteurs d'or noir.

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