Maroc : bec et ongles, le gouverneur de la Banque centrale défend sa réforme monétaire

Le gouverneur de Bank Al Maghrib, la Banque centrale marocaine, vient de faire part de son « incompréhension » voire de sa « déception » quand à la frilosité du gouvernement sur la réforme du régime de change qui a débouché sur le gel officiel de la réforme annoncé fin juin dernier par le Chef du gouvernement marocain.
Amine Ater
Abdelatif Jouahri, wali de Bank Al Maghrib a défendu bec et ongles la réforme du régime de change, gelée par l'exécutif.

Le feuilleton de la réforme du régime de change marocain continue de plus belle. Après le report de cette mesure par décidée l'exécutif et la polémique qui en a découlé fin juin dernier, le wali (gouverneur) de Bank Al Maghrib (BAM), la Banque centrale marocaine, Abdelatif Jouahri, a profité de sa conférence trimestrielle pour revenir sur le sujet.

La politique prend le pas sur le monétaire

Pour le wali de BAM, le report de la réforme est avant tout politique et a été décidé au niveau gouvernemental. Jouahri a ainsi tenu à démentir toute appropriation de cette réforme par la Canque centrale, en rappelant que la gestion politique de cette question fait partie des prérogatives de l'exécutif et que seul le volet technique relevait de la banque.

La Banque centrale a par ailleurs rappelé qu'elle a mené 20 réunions avec les banques, 14 rencontres avec la CGEM (confédération patronale marocaine), 3 campagnes de sensibilisation auprès des marocains résidents à l'étranger (MRE) à Paris, Rome et Madrid ou encore 2 réunions explicatives avec la presse locale. BAM se targue par ailleurs d'avoir le soutien du FMI qui estime que le Royaume était en mesure de mettre en œuvre cette libéralisation dès janvier 2017.

Réforme jugée indispensable

Il n'empêche que le patron de BAM a rappelé que l'immobilisme au niveau du régime des changes n'est pas une option viable. Pour le régulateur bancaire, le Maroc ne pourrait aspirer à une meilleure distribution des revenus et une émergence réelle de l'économie marocaine sans mener à bien cette réforme. « Si nous ne faisons pas de réformes, elles seront plus dures, voire impossibles à réaliser », a alerté Jouahri.

L'une des raisons ayant débouché sur le gel de la réforme selon la Banque centrale est le sentiment de peur suscité par le processus. Paradoxalement, le fait de présenter cette réforme alors que le pays ne traverse pas de crise monétaire n'a pas entraîné l'effet escompté par BAM, mais a débouché sur l'incompréhension de l'opinion publique, alimentée par des facilités de langages prises par certains organes de presses qui évoquaient une dévaluation.

Le wali de BAM a également tenu à rappeler que la volonté de l'Etat marocain de faire de Casablanca un centre financier continental est intimement lié à la réforme du régime de change. Pour l'instant, la balle est dans le camp de l'exécutif, seul habilité à formuler une date de reprise du processus de libéralisation.

Amine Ater

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