Guinée : les syndicats éternuent, le secteur bancaire se grippe

Les syndicats ont finalement mis leur menace à exécution. Après l’échec d’interminables négociations sur des revendications sociales avec leurs patronats, ils ont activé le mécanisme de blocage du secteur qui avait été suspendu à une date butoir. Hier mardi, les professionnels des banques et des assurances ont paralysé le système bancaire du pays en enclenchant une grève « générale » et « illimitée ». Le pays, presque à l’arrêt, en a ressenti l’onde de choc.
Ibrahima Bayo Jr.

C'était le plan B des syndicats. Les clients des banques privées ont attendus, ce mardi matin que les rideaux de leurs agences se lèvent. En vain ! A l'appel de la fédération syndicale autonome des Banques, Assurances et Micro finances de Guinée (FESABAG) et de l'Association des professionnels des banques, le secteur a entamé une grève générale décrite comme « illimitée ».

Un cahier revendicatif face auquel le patronat fait la sourde oreille

En première ligne pour mener ce mouvement qui paralyse le secteur dans tout e pays, Abdoulaye Sow, le tout puissant président de la centrale syndicale du secteur. A la sortie de négociations particulièrement houleuses avec le patronat ce lundi, la FESABAG avait donné un ultimatum de 24 heures aux patrons de banques pour satisfaire le cahier revendicatif des professionnels du secteur.

Les revendications concernent entre autres, la hausse des salaires des travailleurs du secteur bancaire, l'accès aux crédits immobiliers et la possibilité d'être évacués en cas de maladie grave dans l'exercice de leur travail. Une longue liste de doléances jugées « irréalisables » face à laquelle le patronat avait fait la sourde oreille. Quelques mois plus tôt, le syndicat des travailleurs et les patrons des banques de Guinée avaient pourtant signé un protocole d'accord pour une meilleure organisation du secteur.

Bras de fer et risque de prolongation de la grève

Le bras de fer est donc engagé entre les deux entités. Après une succession de débrayages, les professionnels des banques semblent désormais vouloir passer à la vitesse supérieure. Le timing de la grève, intervenu au moment du paiement des salaires et du début du Ramadan, période de grande consommation, joue peut-être cette fois-ci en faveur des syndicats.

La banque centrale et l'inspection générale du travail ont tenté de jouer les bons offices afin de ramener les syndicats à la table de négociation pour une suspension, même provisoire de la grève. Pour l'heure cet appel peine à être entendu. Les banques fermées ont paralysé le secteur et ralenti les activités du pays où les clients se pressent vers les rares guichets automatiques encore en service.

« J'ai eu une urgence ce matin et j'étais venu faire un retrait, mais c'est dommage, car j'ai constaté que toutes les banques sont fermées pour cause de grève », a témoigné un client cité par l'agence Xinhua. Comme d'autres clients, il devra prendre son mal en patience. Les syndicats n'excluent pas que la paralysie du secteur se prolonge encore.

Ibrahima Bayo Jr.

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