Kenya : le plafond sur les taux d'intérêts freine l'accès au crédit

Les premières répercussions suite à la décision du gouvernement kenyan d’imposer un plafond aux taux de prêt commerciaux, entrée en vigueur en août dernier, ont commencé à apparaître. En effet, privée de 23% de ses revenus liés aux taux d’intérêts, le leader du marché financier kenyan Equity Group Holding LTD vient de voir ses revenus impactés négativement par la mesure. Une situation qui a également touché l’ensemble du marché avec une contraction de prêts destinés au secteur privé qui sont passés de 18 à 4,3% entre 2015 et 2016.
Amine Ater

Le fleuron du secteur bancaire kenyan, Equity Group Holding Ltd vient de détromper les pronostics favorables des analystes, en enregistrant la baisse de son bénéfice annuel. Une contraction causée par l'accumulation de prêts non productif lors de l'exercice précédent. Le revenu net de l'établissement est passé de 17,3 milliards de shillings lors de l'exercice précédent à 16,5 milliards de shillings (161 millions de dollars) en 2016.

Chute des prêts accordés au secteur privé

Un résultat qui contraste avec les estimations favorables des observateurs du marché qui tablaient sur un résultat de 18,7 milliards de shillings. Cette baisse de régime d'Equity Group s'explique en partie par les défaillances bancaires qu'a connu le pays entre 2015 et 2016. La décision prise par Nairobi en août dernier de plafonner les taux de prêts commerciaux ont selon l'entreprise entraîné « un environnement opérationnel très turbulent dans le pays lors de l'exercice précédent ».

Pour le management d'Equity Group, le plafond sur les taux d'intérêts commerciaux imposé par le président Uhuru Kenyatta représente une barrière pour l'augmentation de 23% des revenus issues des intérêts sur les prêts accordés. Cette mesure a également impacté l'ensemble du marché. Preuve en est, le ralentissement de la croissance des prêts au secteur privé à un rythme comparable à celui de 2005 en décembre dernier, avec un taux de 4,3% contre 18% un an auparavant, selon les indices de Bloomberg.

Une conjoncture qui a entraîné une contraction de l'action d'Equity Group de 5,2% sur la place de Nairobi. Le titre a par ailleurs enregistré une baisse de 20% depuis le plafonnement des taux d'intérêts en août dernier. Selon le groupe, les prêts improductifs ont atteint 18,8 milliards de shillings (175 millions de dollars) lors de l'exercice précédent, contre 9,1 milliards de shillings (88 millions de dollars) en 2015.

Le groupe obligé de se rabattre sur le public

Le groupe a par ailleurs plus que doublé la part des prêts accordés à Nairobi en 2016, pour atteindre 100 milliards de shillings (979 millions de dollars). Un flux qui a permis à Equity Group d'accroître de 80% les revenus tirés des investissements en titres du Trésor, équivalent à 7,88 milliards de shillings (76 millions de dollars). Une manœuvre qui n'a pas empêché le total des prêts accordés par la banque de se contracter de 5%, équivalent à 213,8 milliards de shillings (2 milliards de dollars).

La nouvelle politique de gestion des taux d'intérêts a forcé Equity Group à rééquilibrer ses actifs, notamment en sacrifiant la croissance des prêts. Un segment qui représentait une partie non négligeable des bénéfices engrangés par le groupe lors de la dernière décennie. La nouvelle norme impose à l'entreprise d'adopter une position plus conservatrice ou traditionnelle, qui consiste à détenir plus de titres publics. Cette baisse des bénéfices représente un première depuis qu'Equity Group est devenu un prêteur commercial à part entière en 2004, ce qui a obligé l'entreprise à augmenter ses provisions pour pertes sur prêts de 2,43 milliards de shilling à 6,65 milliards de shillings (respectivement 63 et 23 millions de dollars).

Amine Ater

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