L'Afrique du Sud connait de nouvelles tensions entre le secteur bancaire et l'exécutif. Les banques sont en effet, critiqués par l'ANC au pouvoir pour des supposées inégalités raciales en termes de pratiques de prêt et de gestion de dossier. Des attaques contre les banques et établissements de crédit, relayées par le président Jacob Zuma, qui les accuse de « monopoliser l'industrie des services financiers ».
Le président sud-africain s'est également interrogé sur la responsabilité des opérateurs dans la fermeture des comptes appartenant à des membres de la puissante famille Gupta, proches de Zuma et qui sont associés avec le fils de ce dernier. D'ailleurs, l'Association des banques sud-africaines devra comparaître devant une commission parlementaire pour répondre à interrogations des parlementaires sur l'avancée du dossier de transformation raciale dans le secteur financier.
Pour le syndicat des banques, cette comparution vient suite aux manœuvres de certains lobbys, se sentant « menacés par un système bien réglementé ». Pour les représentants du secteur, cette polémique à caractère raciale vise à « introduire un récit dans l'espace public qui se base sur de fausses données ». Du côté de l'ANC, cette comparution rentre dans le cadre de la campagne initié par le président portant sur la « transformation économique radicale ».
Hausse des financements mais faiblesse de l'embauche
C'est une véritable offensive à l'encontre du système financier que la présidence a décidé de mener. L'objectif de l'ANC est de transférer la richesse à la majorité noire, dans une économie qui reste dominée par la minorité blanche (Boers en tête), 23 ans après la fin de l'apartheid. Un argument que le syndicat des banques réfute en bloc. Ces dernières rappellent de leur côté les accords en la matière déjà signés avec le gouvernement et les organisations syndicales, qui vise à atteindre 25% de participation économique, dont 15% est directement détenue par les investisseurs noirs.
Selon le syndicat des banquiers, les opérateurs ont mobilisé entre 2012 et 2015 quelques 94 milliards de rands pour le financement de logements abordables, 41 milliards de rands pour les petites et moyennes entreprises de la communauté, 7 milliards pour les entreprises agricoles. Les banques revendiquent également des enveloppes de 60 milliards de rands en faveur de l'industrie dont l'actionnariat est composé de noirs en 2015, contre 38 milliards de rands en 2012. Des sommes prêtées notamment par Standard Bank Group, Nedbank Group, First National Bank ou encore Barclays Group Africa.
En plus de l'inclusion financière de la majorité noire, l'ANC reproche également un manque de représentativité au niveau des organes de décisions des banques. Bien que ces dernières aient embauché 22.800 juniors, cadres moyens et supérieurs entre 2012 et 2015, les banques reconnaissent que la même dynamique n'a pas été transposée au niveau du top management et des conseils d'administration. Seul la Standard Bank compte un co-CEO noir dont le binôme est blanc.
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