Kenya  : les banques s'opposent au plafonnement des taux d'intérêt

Après avoir condamné la décision du gouvernement de plafonner les taux d'intérêt pratiqués dans leur secteur, les banques kényanes viennent d'amorcer les discussions avec les parlementaires afin de modifier le texte de loi, apprend-on de source bancaire. Promesse électorale du président Kenyatta, le pays avait réduit le coût des emprunts.

C'est une réaction au passage en force du président Uhuru Kenyatta. Les banques kényanes, décidées à s'opposer à la décision gouvernementale d'août 2016 dernier de plafonner le taux d'intérêt des emprunts bancaires, viennent d'annoncer le début des pourparlers avec les représentants du peuple pour tenter de modifier la nouvelle loi.

« Cette direction n'est pas la bonne. Nous devons analyser comment arrêter ce mouvement », s'est exprimé Jeremy Awory, directeur général de Barclays Kenya, condamnant la mesure de plafonnement du gouvernement.

Selon lui, cette nouvelle orientation des autorités, depuis son application, a provoqué dans l'économie du pays un ralentissement de la croissance du crédit dans le secteur privé. Celle-ci a atteint son niveau le plus bas en 16 mois en étant de 4,3% en décembre dernier contre 18% à la même période un an plus tôt. A en croire le patron banquier, cette déchéance n'est pas sans grave conséquences pour les banque du pays.

Les 11 institutions financière au Kenya listées à la bourse de Nairobi ont vu leurs valeurs chuter jusqu'à plus d'un tiers pour certaines et Barclays Kenya a perdu 14% de sa valeur, depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle disposition du gouvernement. Malgré tout, les banques ont annoncé n'avoir pas encore totalement fait le tour des dommages. D'après une déclaration de l'association des banques du Kenya (KBA), une étude serait en cours « pour évaluer l'impact du ralentissement de la croissance du crédit sur l'économie du pays afin d'apporter des preuves des dégâts causés par la mesure au gouvernement ».

La protestation des premiers acteurs de l'économie kényane n'a pas pu empêcher le gouvernement de continuer à faire appliquer sa mesure, soucieux d'alléger les coûts des emprunts bancaires aux populations.

Uhuru Kenyatta, seul contre tous

Dans cette initiative de plafonnement des taux d'intérêt des emprunts, le président du Kenya et son exécutif peuvent être sûrs d'être seul. Uhuru Kenyatta avait fait la promesse en 2013 lors de sa campagne électorale, de réduire les coûts des emprunts en fixant une limite à ne pas dépasser pour les banques. Une mesure contre-productive selon les experts économiques.

Si cette décision peut immédiatement arranger le peuple, elle pourrait ne pas lui plaire dans les années à venir compte tenu de ses conséquences sur l'économie, avait averti la Banque centrale du pays. Intéressé par les questions économiques de la première puissance économique de l'Afrique orientale, le Fonds monétaire international (FMI) avait aussi prévenu le gouvernement que l'application de cette mesure pourrait coûter 2 points de croissance au Kenya.

Dans cet ordre d'idées, le Trésor national avait aussi manifesté son avis non favorable pour une telle pratique. C'est contre l'avis de tous que le président Uhuru Kenyatta a choisi de passer à l'acte il y a 6 mois. Conséquence, l'économie kényane devrait régresser en 2017 à 5,7% par rapport à 2016, selon les prévisions de la Banque centrale du pays alors que les prêts effectués par le secteur privé à la banque centrale du Kenya, avaient progressé de 7,5% seulement en 2016 contre 17,5% l'année 2015.

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