L'Afrique du Sud va taxer le sucre pour lutter contre l’obésité

Comme les pays occidentaux, l’Afrique du Sud se met à la taxation des boissons gazeuses pour renforcer l’efficacité de sa lutte contre l’obésité. Inscrite dans la budget 2017-2018, la mesure rentrera en vigueur le 1er avril. Une première en Afrique.
Ristel Tchounand

Dans un mois, les Sud-africains s'offriront les boissons gazeuses disponibles sur le marché local à un prix un peu plus élevé. Et pour cause, la taxe sur les boissons gazeuses voulue par le gouvernement entrera en vigueur dès le 1er avril. Objectif : lutter contre l'obésité.

Avec en effet un taux d'obésité des plus élevés à travers le continent, l'Afrique du Sud compte amoindrir le phénomène en introduisant une taxe de 20% sur les boissons gazeuses commercialisées à travers le pays. La mesure ayant été introduite dans le budget 2017-2018, le Trésor national sud-africain a publié la semaine dernière des modifications apportées à la taxe. Ainsi, un seuil de 4g/100ml a été introduit. Chaque gramme en plus sera imposable. Et cela concerne tant les boissons produites localement que les boissons importées.

« Globalement, ces mesures fiscales sont de plus en plus reconnues comme des outils complémentaires efficaces pour aider à lutter contre l'épidémie d'obésité au niveau de la population », a indiqué le Trésor national.

Le Trésor sud-africain fait ainsi allusion aux Etats d'Amérique et d'Europe pionniers de la pratique, notamment le Mexique, l'Etat de New York, la Hongrie, ainsi que la France.

Et les résultats s'avèrent probants. Au Mexique où la taxe sur les boissons sucrées a été mise en œuvre en 2014, la consommation de ces boissons affiche une baisse consécutive sur deux ans, d'abord de 5,5% en 2015 et de 9,7% en 2016, selon une analyse des achats de ces produits réalisés par des universitaires au Mexique et aux Etats-Unis. Idem à Philadelphie (Etat de New York) où la taxe est entrée en vigueur le 1er janvier. Selon les autorités de la ville, les ventes de boissons gazeuses ont chuté de 30 à 50% sur le premier mois de l'année. Ce qui augure pour les experts un incidence positive sur l'obésité.

A qui le tour ?

La question de l'obésité est devenue une problématique de santé publique à travers le monde. Selon l'OMS, plus de 1,9 milliard d'adultes (personnes de 18 ans et plus) étaient en surpoids en 2014, dont plus de 600 millions obèses. Une nouvelle étude publiée en avril 2016 dans la revue médicale britannique The Lancet révèle que l'obésité atteint près de 650 millions d'adultes à travers le monde, soit 13% de la population mondiale, un pourcentage qui pourrait atteindre 20% d'ici 2025.

Pour combattre le fléau, l'OMS approuve des politiques telles la taxation des boissons sucrées, insistant, dans une étude publiée en juin 2016, sur l'importante de la contribution de l'industrie agroalimentaire.

« L'industrie agro-alimentaire peut jouer un rôle important de promotion des régimes alimentaires sains : en réduisant la teneur en graisse, en sucre et en sel des aliments préparés; [...] en limitant la commercialisation d'aliments riches en lipides, en sel et en sucre, notamment ceux qui sont destinés aux enfants et aux adolescents », préconise l'OMS.

Avec une telle taxe, l'Afrique du Sud sera le premier pays africain à adopter une telle mesure. Quel pays lui emboîtera-t-il le pas quand on sait que les pays du Maghreb, de l'Ouest et du Sud du continent sont les plus touchés par l'obésité, comme le confirmait encore l'Institut de recherche pour le développement (IRD) dans une étude réalisée localement en 2015 ?

Ristel Tchounand

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