MICE : « Le principal défi pour l'Afrique est d’offrir une desserte et une fréquence aérienne de qualité »

Ces dernières années, l’Afrique est devenue un maillon essentiel du marché du MICE (Meetings, Incentives, Conferencing, Exhibitions) ou tourisme d’affaires. A travers le continent désormais sont scellés des plus gros contrats commerciaux, d’investissements, et sont de plus en plus organisés des événements d’affaires d’envergure mondiale. Une aubaine pour l’industrie hôtelière africaine dont les acteurs n’hésitent pas à exploiter le potentiel. C'est le cas de Mangalis, ce groupe hôtelier panafricain créé en 2012, basé à Barcelone et appartenant à Teyliom Group présent dans différents secteurs d'activité en Afrique de l'Ouest et Centrale. Dans un entretien avec «La Tribune Afrique», Olivier Jacquin, directeur général de Mangalis Hotel Group, revient sur la dynamique de cet opérateur qui monte et évoque les défis du tourisme d’affaires sur le continent.
Ristel Tchounand

La Tribune Afrique : Mangalis a été classé 9e groupe hôtelier le plus dynamique en Afrique dans l'édition 2017 du W Hospitality. Est-ce une fierté pour vous ou êtes-vous encore insatisfait ?

Olivier Jacquin : Ce classement est une référence sur le marché et être classé 9ème parmi les groupes hôteliers globaux est une satisfaction pour nous. C'est la matérialisation de notre ambition d'être positionnés parmi les opérateurs de référence internationale dans la région. Nous avons une vision très précise de ce que nous souhaitons atteindre en Afrique, et avoir une reconnaissance dès notre première année d'opération est encourageant. C'est un gros projet, un des plus important d'Afrique, appuyé par un plan de développement organique.

Mangalis figure ainsi parmi les groupes hôteliers ayant le plus grand nombre de projets en cours. Quel est le calendrier d'inauguration de ces établissements et où sont-ils situés ?

Nous avons lancé nos 3 enseignes respectivement Noom Hotel Conakry, Yaas Hotel Dakar et Seen Hotel Abidjan entre septembre 2016 et février 2017, donc sur un semestre seulement. Nous avons en effet 9 hôtels en développement en Afrique de l'ouest, principalement au Benin, au Congo puis en Côte d'Ivoire et au Sénégal. Nous nous déployons aussi en Sierra Leone, au Niger et au Cameroun. Nous ciblons la période 2018/2020 pour la mise sur le marché de ces produits.

Le choix des destinations est dicté par plusieurs éléments, allant du potentiel de la destination au manque d'inventaire dans les trois segments que nous occupons à savoir de l'économique, le lifestyle et le haut de gamme.

Quelles sont vos ambitions sur le continent à moyen terme ?

Notre ambition est claire, continuer à développer et faire connaitre nos marques de façon prioritaire en Afrique de l'Ouest, proposer nos trois enseignes dans toutes les grandes capitales et villes majeurs d'Afrique. Nous soutenons massivement notre développement dans la zone UEMOA et nous nous projetons dès lors sur l'Afrique anglophone avec des pays comme le Nigeria, le Ghana ou l'ensemble des pays de l'Afrique de l'Est. Ce plan est soutenu par des partenariats sous forme de contrats de gestion ou de franchise.

Mangalis est connu pour sa forte empreinte de tourisme d'affaires. Est-ce un choix ou ce marché s'est-il imposé à vous ?

Aujourd'hui, le tourisme africain est principalement un tourisme d'affaire (80% vs. 20%). La même tendance se fait ressentir dans notre segmentation de clientèle. Cela étant dit, nos hôtels s'adaptent à l'image de la demande, par conséquent nos produits répondent aussi bien aux besoins de la clientèle loisir de par les services et facilités que nous offrons comme la restauration, la piscine ou le Spa. Certains de nos hôtels comme le Noom Hotel Conakry sont aujourd'hui devenu des destinations à part entière ou la population aime se retrouver.

Au regard de la façon dont évolue ce segment sur le continent, quels en sont les défis à ce jour selon vous ?

Le principal défi pour ce segment consiste d'une part à offrir une desserte et une fréquence aérienne de qualité afin de se déplacer plus rapidement. D'autre part cette clientèle exige les meilleurs standards qu'elle retrouve dans le reste du monde à savoir une connectivité de premier plan et un grand confort appuyé par un design au goût du jour. Pour terminer, le volet sécurité est devenu crucial depuis quelques années dans notre activité. Chez Mangalis nous équipons nos hôtels de la meilleure technologie appuyée par une présence accrue de nos services de sécurité.

Le secteur est encore dominé par les opérateurs étrangers, comment les opérateurs africains pourraient-ils davantage tirer profit du potentiel du tourisme d'affaires sur le continent ?

La pénétration de chaînes en Afrique subsaharienne n'est que de 6% contrairement aux autres continents où cet index est entre cinq et dix fois plus élevé. Les études montrent que l'Afrique aura plus de 1.5 milliards d'habitants en 2050 avec une classe moyenne grandissante. Avec moins de 90 hôtels par million d'habitant, Il y a donc de la place pour tous les opérateurs. Ces acteurs étrangers ont contribué au développement de l'hôtellerie, principalement haut de gamme, sur le continent dans les années 60,70 et 80 en important les standards et normes internationaux. Cependant ce dynamisme s'est considérablement affaibli au début des années 2000 et a laissé place à des acteurs nouveaux qui ont pris leur envol et une part de marché en offrant des solutions répondant aux besoins des clients avec une vision bien précise de la modernité africaine.

Ristel Tchounand

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