Les textiliens marocains lorgnent l'industrie 4.0

L’industrie marocaine du textile s’intéresse de près à la quatrième révolution industrielle qui envahit le monde. En marge des salons Maroc in Mode et Maroc Sourcing, organisés par l’AMITH, l’association des professionnels du textile a débattu des implications des évolutions de la mode 4.0 qu’elle perçoit comme un levier de compétitivité pour la « Fast Fashion ».
Au Maroc, le plan Textile 2025 vise à augmenter la taille du secteur en lui permettant d’atteindre un PIB de 46 à 48 milliards de dirhams et des exportations sectorielles de l’ordre de 85 à 95 milliards.

«À l'aune de la 4e révolution industrielle, où les machines deviennent de plus en plus performantes et de plus en plus autonomes, l'industrie de la mode n'échappe pas à cette évolution inéluctable», explique l'Association marocaine des industries du textile (Amith) dans un communiqué publié au lendemain d'un conférence organisée en marge des salons Maroc in Mode et Maroc Sourcing. Au centre des débats, la quatrième révolution industrielle.

L'industrie 4.0 constitue aujourd'hui l'un des plus grands enjeux de l'industrie et particulièrement de celle du textile qui est très concerné par cette révolution et doit surtout s'y préparer, souligne Jean François Limantour, président d'Evaliance et conseiller de l'Amith.

Pourquoi parle-t-on de quatrième révolution ? C'est parce qu'elle intervient après le développement de la machine à vapeur et de la mécanisation (XVIIIe siècle), puis de l'électricité et de la mobilité (XIXe siècle) et enfin de l'électronique et de l'automatisation (XXe siècle). «L'industrie 4.0 devrait mettre en place des usines "intelligentes", plus flexibles, plus productives, plus optimisées, et plus écologiques», préconisent les professionnels du textile et de l'habillement. Pour Jean François Limantour, l'usine de demain qui se rapproche le plus de la réalité de l'industrie de l'habillement, serait celle qui combine des outils de production, de l'intelligence artificielle et la réalité technologique (la data, l'Internet et les systèmes d'information). Ce dernier en veut pour preuve l'expérience chinoise. «Une entreprise chinoise a investi aux États-Unis plus de 20 millions d'euros pour équiper une usine de robots capables de coudre un tee-shirt en moins de 30 secondes», a-t-il rapporté.

Cependant, cette révolution pose la problématique du remplacement de l'homme par la machine. Quelle place occupera la ressource humaine si, au final, tout est automatisé et géré par de l'intelligence artificielle ? «Contrairement aux scénarios catastrophes qui laissent imaginer le remplacement de l'humain par la machine, les ressources humaines sont également un critère à prendre en compte et constituent un réel levier stratégique dans cette nouvelle transition industrielle», estime Maximilien Abadie, directeur de la stratégie chez Lectra, leader mondial des solutions technologiques intégrées dans la filière textile. Lectra a conçu une stratégie pour aider les entreprises de la mode et de l'habillement, de l'automobile et de l'ameublement à réussir leur entrée dans l'ère de l'Industrie 4.0, précise le communiqué. Cette stratégie se traduira par des équipements encore plus intelligents et communicants, ainsi que l'intégration plus poussée entre équipements, logiciels et services métiers. Testée depuis le début de cette année auprès de clients sélectionnés en France, la nouvelle offre sera dévoilée et commercialisée progressivement à partir de 2018.

Pour le Maroc, les opérateurs sont conscients des enjeux qui se présentent à eux. «Le textile marocain n'a pas non plus le choix et il faut sans plus tarder se préparer à cette révolution en commençant par créer un groupe de réflexion stratégique pour le 4.0 et surtout réfléchir à un plan sectoriel pour les ressources humaines», explique l'Amith dans son communiqué. «Il y a des chantiers à ouvrir en urgence. On va vers un changement de l'organisation de travail et la disparition du mode de travail pyramidal», insiste J-F Limantour. L'autre enjeu est la formation aux métiers 4.0 dans le textile à l'image des programmateurs Big Data, d'outils de simulation ou encore des managers de robots. «Si l'on veut des applications performantes du 4.0, l'industrie doit être capable d'attirer les jeunes diplômés. Ce qui n'est pas encore le cas aujourd'hui».

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