Afrique australe : la BAD exhorte les dirigeants à ériger la croissance en véritable priorité

Lors du 37e Sommet de la SADC (Communauté de développement d'Afrique australe), le président de la BAD a appelé les dirigeants à ériger la croissance en priorité. Cela passe par une industrialisation du continent, un développement du secteur énergétique et un revirement stratégique en faveur de l'agriculture.
Akinwumi Adesina, président de la Banque Africaine de Développement (BAD)

Le développement de l'Afrique ne se fera pas sans croissance ! C'est, en substance, le message formulé par le président de la BAD, Akinwumi Adesina, à l'attention des dirigeants d'Afrique australe, lors de la cérémonie d'ouverture du 37e Sommet des chefs d'État de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), qui a débuté samedi 19 août à Pretoria, la capitale sud-africaine. Pour le patron de la Banque africaine de développement, tous les efforts doivent être canalisés pour accélérer le développement et la croissance dans la région. Mais il faut dire qu'il y a de quoi s'inquiéter. En 2016, le taux de croissance de l'Afrique subsaharienne est descendu à son niveau le plus bas depuis vingt ans, sous les 2 %. Selon la Banque mondiale, la région montre des signes de reprise et la croissance devrait y atteindre 2,6 % en 2017. Cette reprise reste néanmoins faible, et la croissance économique ne devrait se situer que légèrement au-dessus de la croissance démographique, soit un rythme qui entrave les efforts en faveur de l'emploi et de la réduction de la pauvreté.

Placé sous le thème « Créer des partenariats avec le secteur privé pour développer le secteur industriel et les chaînes de valeur régionales », le sommet de la SADC a mis le point sur 5 axes majeurs pour assurer une croissance accélérée. Il s'agit notamment d'éclairer l'Afrique et l'alimenter en énergie, nourrir le continent, l'industrialiser, l'intégrer et y améliorer la qualité de vie des populations. D'après le PNUD, ce Top 5 des priorités permettra à l'Afrique d'atteindre 90 % de l'Agenda 2063 de l'Union Africaine et 90 % des Objectifs de développement durable.

L'énergie d'abord !

La BAD a mis le point, par ailleurs, sur la nécessité de s'attaquer résolument à certains des problèmes structurels qui continuent d'entraver la croissance sur le continent : « En tête de liste se trouve l'électricité », a déclaré Akinwumi Adesina. Et d'ajouter : « c'est pourquoi la Banque africaine de développement investit fortement dans le secteur de l'énergie. À travers notre New Deal sur l'énergie pour l'Afrique, la Banque va investir 12 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années dans le secteur de l'énergie, pour mobiliser entre 45 et 50 milliards de dollars de financements provenant du secteur privé et d'autres sources. L'Afrique ne peut pas se développer dans l'obscurité ».

Une grande partie de cet investissement dans le secteur de l'énergie est dirigée vers l'Afrique australe. Le secteur de l'électricité y représente 35 % de l'ensemble des financements de la Banque dans cette région du continent. Les investissements dans de grands projets comprennent, entre autres, celui de Medupi en Afrique du Sud, celui de la remise en état du barrage de Kariba ainsi que le programme hydroélectrique sur le Zambèze, qui fournit respectivement 34 % et 37 % de l'électricité du Zimbabwe et de la Zambie.

Le patron de la BAD avait également souligné à cette occasion que « cette région incite également la Banque à voir les choses en grand. L'année dernière, la Banque a été à la tête d'une initiative de syndication d'un prêt de 965 millions de dollars à la compagnie publique Eskom d'Afrique du Sud. Ce prêt, le plus important de toute l'histoire de l'Afrique, aidera le pays à développer une capacité de production d'énergie de 13 000 MW».

L'industrie, une priorité

Akinwumi Adesina a également réaffirmé son soutien aux efforts des dirigeants de la SADC pour faire de l'industrialisation une priorité. Pour le président de la Banque, les nations développées ajoutent de la valeur à tout ce qu'elles produisent, tandis que les pays pauvres exportent des matières premières. « L'Afrique ne doit plus rester au bas des chaînes de valeur mondiales : elle doit avancer pour s'industrialiser rapidement afin d'ajouter de la valeur à tout ce qu'elle produit. L'Afrique doit travailler pour elle-même et ses populations, et cesser d'exporter ses richesses ailleurs », avait-il déclaré. C'est pourquoi la Banque fournira un appui pour le développement de zones économiques spéciales, de parcs industriels ainsi qu'un financement par des prises de participation, lorsque cela sera approprié, pour les grandes industries.

L'Afrique doit également mobiliser les ressources internes. Car il faut savoir que le continent détient plus de 334 milliards de dollars dans des fonds de pension, et 164 milliards de dollars dans des fonds souverains. Il est estimé que le montant global des fonds de pension de l'Afrique atteindra 1 000 milliards de dollars d'ici à 2030. Il est aujourd'hui, donc, nécessaire que l'Afrique utilise ces investissements institutionnels pour créer des infrastructures indispensables.

Agriculture, l'autre source de développement

Le président de la BAD a par ailleurs souligné l'importance d'investir dans le secteur de l'agriculture afin que la région de la SADC puisse accélérer sa croissance. Il a rappelé le soutien de la Banque à la politique agricole régionale de la SADC et du plan d'investissement pour la transformation de l'agriculture. Même s'il s'agit d'un atout majeur de l'Afrique, l'agriculture reste encore largement inexploitée. La taille du marché de l'alimentation et de l'agriculture du continent passera des 330 milliards de dollars actuellement à 1 000 milliards de dollars à l'horizon 2030. Il est donc nécessaire de rectifier le tir. Akinwumi Adesina a expliqué dans ce sens que : « l'agriculture n'est pas un mode de vie, et elle n'est pas une activité de développement non plus. L'agriculture doit être considérée comme une activité créatrice de richesses ». Et d'ajouter : « L'Afrique doit se nourrir, plutôt que de dépenser 35 milliards de dollars par an pour l'importation d'aliments. C'est pourquoi la Banque africaine de développement va mettre à disposition 24 milliards de dollars pour soutenir l'agriculture au cours des dix prochaines années ».

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