Ciment : Dangote menace de quitter l’Éthiopie

Pour calmer les manifestations dans l'Etat Oromia, le gouvernement régional veut obliger les cimentiers à externaliser certaines de leurs activités au profit des jeunes Oromos pour créer de l'emploi. Le groupe de l'homme le plus riche du continent refuse et menace de quitter le pays.
Mehdi Lahdidi

La filiale éthiopienne du groupe Dangote ciment se donne à un bras de fer avec les autorités du pays. Dangote Cement Plc vient de déclarer qu'elle pourrait mettre fin à ses activités en Éthiopie si les autorités de l'Etat central d'Oromia ne reviennent pas sur leur décision d'obliger les cimentiers à confier le contrôle de certaines parties de leurs entreprises aux collectivités locales de jeunes. Après près de 2 ans de manifestations des Oromos qui peuplent la région, l'administration essaie de réduire le chômage des jeunes. Cinq mois après avoir déclaré l'état d'urgence pour faire face aux manifestations violentes des communautés d'Oromo, l'Etat veut obliger le secteur privé présent sur la région de créer des emplois. Sauf que si le groupe Dangote met ses menaces à exécution, cela veut dire qu'environ 1.500 emplois directs et 15.000 indirects risquent de disparaître.

L'administration de l'Etat veut que la société nigériane délègue la gestion de ses mines de ponce, de sable et d'argile à des groupes de jeunes sous menace de la tenir responsable de « tout problème qui pourrait survenir suite à son refus ». Un chantage n'a pas été au gout de l'entreprise de l'homme le plus riche d'Afrique. L'entreprise a déclaré que « toute mauvaise gestion de l'infrastructure minière, y compris les bâtiments et les excavatrices, pourrait conduire à une panne totale de ses activités ». Le cimentier compte demander au gouvernement fédéral d'intervenir. Si ces négociations ne donnent rien, le groupe envisage de fermer l'usine à Mugher, au nord d'Addis-Abeba, en tant que « dernière option ».  Une option qui serait bien douloureuse pour le Groupe puisque l'Ethiopie est considéré comme l'un de ses trois marchés clés.

En même temps, le gouvernement régional de l'Etat d'Oromia trouve que le transfert d'emplois dans la production de ponceaux peut être un moyen d'atténuer le chômage des jeunes et d'apaiser l'atmosphère. Sauf qu'avec 1,2 million de jeunes sans emploi, la promesse de l'Etat de créer de 950.000 nouveaux postes pour les jeunes semble très difficilement atteignable, surtout dans un contexte où la région est identifiée comme instable pour les investisseurs. Le gouvernement avait, en effet, déclaré que les protestations ont déclenché une baisse de 20 % de l'investissement étranger à 1,2 milliard de dollars au cours des six derniers mois par rapport à la même période un an plus tôt.

Mehdi Lahdidi

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