Tanzanie : de hauts cadres d'Acacia Mining interpellés par les services de police

Les autorités tanzaniennes viennent de procéder à l'arrestation de hauts dirigeants d'Acacia Mining, dans le cadre d'une enquête portant sur des soupçons d'évasion fiscale portés contre le groupe minier britannique. Les rapports entre les industriels miniers et le gouvernement se sont détériorés depuis que ce dernier à décrété, en mars dernier, une mesure interdisant l'exporter des minerais non transformés.
Amine Ater
Le président de la Tanzanie, John Magufuli, est allé jusqu'à menacer de fermer toutes les mines d'or dans son pays, si les sociétés minières ne coopéraient pas pour résoudre le différend avec l’administration portant des d'arriérés estimés à des milliards de dollars.

Le gouvernement tanzanien vient de franchir un nouveau palier dans l'épreuve de force qui l'oppose à la compagnie minière britannique Acacia Mining. En effet, les autorités tanzaniennes ont procédé à l'arrestation d'au moins deux cadres supérieurs du groupe pour interrogatoire, suite à des soupçons d'évasion fiscale qui aurait coûté des milliards de dollars aux contribuables.

Les services secrets à la manœuvre

Le 12 juillet à l'aéroport de Mbeya (sud-ouest du pays), les services secrets tanzaniens ont ainsi interpellé Deo Mwanyika, vice-président des Affaires corporatives du groupe minier. L'homme qui faisait déjà l'objet d'une étroite surveillance sera relâché un jour plus tard. Le 20 juillet, Alex Lugendo, conseiller aux relations avec le gouvernement chez Acacia est à son tour interpellé à l'aéroport de Dar es-Salaam par les autorités tanzaniennes.

Pour rappel, la Tanzanie, quatrième producteur aurifère au monde, avait interdit en mars dernier les exportations d'or et de cuivre brut. Cette mesure aurait coûté à Acacia près d'un million de dollars de pertes par jour. Une interdiction avait été vite suivie par l'adoption d'une loi permettant à l'Exécutif de renégocier les contrats d'exploitations conclus avec les opérateurs miniers et énergétiques. L'objectif de ces réformes est d'assurer au gouvernement une meilleure part dans les revenus issus de l'exploitation des matières premières, afin de la rediriger au financement de l'industrialisation du pays.

Barrick tente le dialogue

Le cabinet PwC a par ailleurs annoncé que la Tanzanie prévoyait le lancement de projets dans le transport et les infrastructures qui nécessitent 19 milliards de dollars d'investissements. Du côté des opérateurs miniers, le groupe Barrick qui détient 64% d'Acacia a prévenu que «les perturbations» en Tanzanie pourraient réduire la production du groupe de 6% en 2017, soit 336 000 onces d'or.

Le groupe britannique, dont le président John Thornton a rencontré à plusieurs fois le président Magufuli, tente de se positionner en tant que médiateur et porte-parole des opérateurs miniers et énergétiques. Barrick vient en effet de réitérer sa volonté de dialoguer avec le gouvernement après les récentes arrestations, perçues comme un message pour l'ensemble du secteur, alors qu'Acacia vient de déclarer que son différend avec le gouvernement avait réduit son solde de trésorerie à 176 millions de dollars, contre les 318 millions enregistrés avant la décision d'interdiction. L'annonce de ces arrestations a d'ores et déjà impacté la cotation d'Acacia au London Stock Exchange, avec une baisse de 17,24%, lors de la séance du vendredi 21 juillet, contre une baisse 1,13% le 20 juillet.

Depuis mars dernier, Le bras de fer entre l'Exécutif tanzanien et Acacia a déjà fait perdre à l'entreprise près de la moitié de sa valeur sur la place de Londres Reste à savoir jusqu'à quel point cette crise impactera les activités des groupes implantés en Tanzanie et ses retombées tant sur les cours de l'or et du cuivre que sur le secteur de l'exploitation minière en Tanzanie.

Amine Ater

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