La Guinée fait tomber l'israélien Steinmetz, le magnat du diamant

Des accusations de corruption émanant de Guinée, instruites par les juridictions américaines, anglaises, suisses et australiennes, ont débouché sur l’arrestation du magnat des mines, Beny Steinmetz en Israël. Ce dernier est actuellement confiné en résidence surveillée après avoir payé une caution de 24,6 millions d’euros. Cette affaire de corruption transcontinentale a tous les ingrédients pour donner naissance à un feuilleton judiciaire entre la Beny Steinmetz Group Resources et l’Etat guinéen.
Amine Ater
Le magnat du secteur minier israélien Beny Steinmetz vient d'être inculpé à Tel Aviv dans une affaire de corruption entourant l'exploitation de gisements de fer en Guinée

Les autorités israéliennes ont annoncé l'arrestation de Beny Steinmetz, patron de la compagnie minière Beny Steinmetz Group Resources (BSGR) suite à des soupçons de versement de pots-de vins estimés à plusieurs dizaines de millions de dollars à des cadres de la fonction publique en Guinée, pour l'exploitation de gisements de fer. Une inculpation qui vient suite à une enquête menée notamment par les Etats-Unis, le Royaume Uni et la Suisse.

Chassé-croisé entre BSGR et Rio Tinto

Suite à son arrestation, Steinmetz a été placé en résidence surveillée jusqu'au 2 janvier prochain en contrepartie du paiement d'une caution de 24,6 millions d'euros à la justice israélienne. Les autorités ont également procédé à la confiscation de son passeport, une mesure assortie d'une interdiction de quitter le territoire pendant une durée de 180 jours.

Cette affaire a démarré suite à une plainte émise par l'opérateur minier anglo-australien, Rio Tinto devant les juridictions britanniques, australiennes et américaines à l'encontre d'anciens hauts cadres, que le management de Rio Tinto accusait d'avoir versé des bakchichs à des proches du président guinéen Alpha Condé. Une somme estimée à près de 10,5 millions d'euros selon Rio Tinto.

Echaudée par cette affaire et après un changement de management, Rio Tinto a décidé de se défaire de ses activités en Afrique préférant se concentrer sur l'Asie. Un retrait qui a permis à BSGR de prendre le contrôle de 50% du gisement de fer de Simandou. Une opération qui a nécessité un investissement de 165 millions de dollars et qui englobait également des droits d'extraction dans la mine de Zogota.

Arbitrage international

En 2010, l'entreprise israélienne a par la suite revendu une partie de ses actions à l'opérateur brésilien Vale, pour un montant de 2,5 milliards de dollars pour accélérer l'extraction des minerais de fer. Entre-temps, le gouvernement guinéen a émis des accusations de corruption à l'égard de BSGR, soupçonnée d'avoir effectué des versements à des membres de l'ancien régime. Des accusations réfutées par le management du groupe qui a contre-attaqué en affirmant que ces allégations viennent suite au refus de BSGR de payer des commissions à l'entourage du président actuel Alpha Condé.

Une polémique qui a apeuré le brésilien Vale, qui n'a finalement versé à BSGR que 500 millions de dollars sur les 2,5 milliards de dollars convenus, après que ces révélations aient été rendues publiques. Une situation qui a poussé l'entreprise israélienne à démarrer une procédure d'arbitrage à l'encontre du gouvernement guinéen. Lors de cette procédure, les représentants du gouvernement guinéen ont dévoilé des emails prouvant une collusion entre des membres de l'ancien régime et BSGR pour évincer Rio Tinto de la mine de Simandou. Pour la défense de BSGR, cette affaire est assimilée à une cabale contre l'opérateur qui ferait office de bouc-émissaire de manière « à couvrir la corruption endémique que connaît le pays ».

Amine Ater

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Commentaire 1
à écrit le 26/12/2016 à 13:05
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il serait bon que la justice enquète aussi sur les sommes versées par le Dg de la sobragui ariski azzoug (castel) à titre de corruption, achat de juges, etc

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