Changement climatique : les ambitions vertes de l'Ethiopie

Limiter ses émissions de gaz à effet de serre de 64%, c'est l'objectif affiché par l'Ethiope d'ici 2030. En mettant la barre aussi haut, ce pays d'Afrique de l'est compte se placer à l'avant-garde des pays qui planifient leur transition vers une économie verte.

Trente ans après la famine de 1983-1985 qui avait fait des centaines de milliers de victimes, l'Éthiopie, deuxième pays le plus peuplé d'Afrique avec plus de 90 millions d'habitants, enregistre un taux de croissance à deux chiffres depuis 10 ans. Que ce soit en agriculture, en industrie ou dans les services, le pays regorge d'opportunités pour les investisseurs internationaux.

Malheureusement, cette ascension fulgurante de la croissance est stoppée net cette année. Au lieu des 11% prévus, l'Ethiopie a revu son taux de croissance à la baisse soit 7%. Et pour cause El Nino, un des phénomènes climatiques les plus dangereux, est passé par là mettant plusieurs zones du pays en situation d'urgence alimentaire. L'Ethiopie a connu cette année la pire sécheresse depuis plus de cinquante ans selon les Nations Unies.

Selon les estimations du gouvernement, plus de 10 millions de personnes (soit un habitant sur dix) avaient besoin d'une aide alimentaire d'urgence, sachant que 80% de la population vit de l'agriculture.

Toutefois, ces épisodes de sécheresse ne provoquent plus les mêmes effets que dans les années 80. L'Éthiopie a mis en place une véritable politique nationale de sécurité alimentaire dans le cadre de la Stratégie pour une économie verte résiliente face au changement climatique (Climate Resilient Green Economy Strategy, CRGE) qui commence déjà à donner ses premiers résultats.

 « Réelle menace, le changement climatique l'est effectivement pour les autorités du pays. Mais pas seulement, ils le considèrent aussi comme une opportunité de taille. Le pays tient compte de tous les aléas climatiques tels que les inondations et apporte ses solutions », précisent les experts de la Banque africaine de développement dans un récent rapport. Une opportunité pour s'adapter et se développer.

Cette stratégie vient à point nommer pour accompagner l'ascension fulgurante du pays. Elle vise, en effet, à créer des emplois par le biais du développement et de l'écologisation de sept secteurs clé de l'économie nationale, à savoir : l'alimentation en énergie, les villes et les bâtiments, la foresterie, l'élevage de bétail, l'agriculture, l'industrie et le transport.

Sécurité alimentaire

Les objectifs de la stratégie touchent divers secteurs. Et en premier lieu l'agriculture afin d'améliorer les pratiques d'élevage et de culture pour obtenir une plus grande sécurité alimentaire et des revenus plus importants aux éleveurs et cultivateurs.

La préservation de la qualité du sol et l'accroissement du rendement des cultures permettraient de booster la production agricole et par là même d'améliorer les moyens de subsistance.Au regard de leur intérêt économique ainsi que de leur contribution à l'écosystème, la protection et la préservation des forêts, figurent également parmi les priorités de cette feuille de route.

La généralisation de l'accès à l'énergie pour tous, notamment électrique en privilégiant les sources d'énergie renouvelables les moins coûteuses, est considérée comme une priorité dans le CRGE.

Des espaces urbains polycentriques

Les domaines du transport, de l'industrie et de la construction sont également concernés, le but étant d'avancer vers des technologies énergétiques efficaces et modernes. A ce titre, les autorités ont développé d'importants investissements dans les transports (le train par exemple) qui utilisent des énergies propres et renouvelables. L'espace urbain est en phase de transition pour des villes à la fois compactes et polycentriques avec des distances de transport réduites. Sur le plan structurel, plusieurs mesures ont été prises incluant le retrait des subventions des combustibles fossiles. L'amélioration de la qualité de l'air et de l'eau est aussi escomptée, ce qui aura des effets positifs sur la santé publique et le quotidien des populations.

Le budget prévisionnel pour la concrétisation de ce plan est d'environ 150 milliards de dollars. L'Éthiopie a mis en place un mécanisme de mobilisation de ressources, dans le cadre d'un fonds national destiné à lutter contre le changement climatique. Les autorités comptent également sur l'aide internationale pour mobiliser les fonds nécessaires.

A son lancement le CERGE a été d'ailleurs soutenu par une coalition de partenaires, à savoir le PNUD, le Ministère du développement international du Royaume-Uni (DFID), le gouvernement allemand, la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA), ainsi que plusieurs intervenants du secteur privé au niveau international.

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