Alimentation : l’Afrique, plus que jamais dépendante des importations, préviennent la FAO et l'OCDE

L’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) viennent de publier leurs perspectives agricoles pour les dix ans à venir dans le monde. Mauvaise nouvelle pour l’Afrique : les deux organisations prévoient une très forte dépendance aux importations en matière de produits agricoles.

Dans les dix à venir, la dépendance à l'égard des importations va rester très forte en Afrique, notamment au sud du Sahara. C'est ce qui ressort d'un rapport publié ce lundi 10 juillet par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Selon les auteurs de ce document de 158 pages, en Afrique subsaharienne, 24 % des céréales consommées localement en 2014-16 étaient importées et cette proportion devrait passer à 27 % au cours de la période de projection, de 2017 à 2026. Cependant, la dépendance varie évidement d'un pays à l'autre, comme le précise le rapport.

Disparités

Par exemple, l'Ethiopie et la Zambie, grands producteurs de céréales notamment le maïs, « sont beaucoup moins tributaires » des importations que la Mozambique, où les importations de céréales ont représenté entre 30% et 40% de la consommation intérieure ces dernières années. Ce taux de dépendance, selon toujours les experts de l'OCDE et de la FAO, devrait encore grimper pour se rapprocher de celui de l'Égypte au cours de la prochaine décennie. Justement, des pays comme l'Algérie et l'Egypte où les importations de céréales représentaient la moitié ou plus de la demande intérieure en 2016, seront de plus en plus dépendants. En revanche, pour l'Éthiopie, qui est aussi un grand fournisseur de blé en Afrique de l'Est, la situation est moins inquiétante.

Entre 2017 et 2026, l'OCDE et la FAO s'attendent également à ce que le taux de dépendance actuel à l'égard des importations de poisson s'intensifie. La bonne nouvelle est que cette dépendance, qui est actuellement de 40% à 44% va rester malgré tout inférieure aux 45% à 48% enregistrés sur la période allant de 2006 à 2011.

Une question se pose cependant : pourquoi l'Afrique est encore loin de l'autosuffisance alimentaire alors que sur le plan mondial, la demande pour les denrées agricoles et alimentaires de base devrait ralentir à cause de la baisse des prix de l'énergie ?

C'est par ce que les agriculteurs africains produisent peu et mal, répond, Jonathan Brooks, chef de la division des échanges et marchés agroalimentaires de l'OCDE.

« Dans certains pays subsahariens notamment francophones, cette lacune peut être imputée à une absence d'une vraie politique d'agricole », estime l'expert de l'OCDE

Plus de bouches à nourrir

L'expert soutient également une autre hypothèse. D'après Jonathan Brooks, le secteur agricole sur le continent est confronté à un défi crucial : plusieurs pays africains sont touchés par les conséquences du réchauffement climatique, s'ils ne sont pas ravagés par les crises politiques et autres guerres civiles. Autant de menaces qui impactent directement les surfaces cultivées et les rendement des cultures.

Et parallèlement, le taux de croissance démographique en Afrique devrait connaître une hausse très importante dans les dix années à venir. Sur la décennie couverte par le rapport, en Afrique subsaharienne notamment, la population passera de 974 millions à 1.3 milliard d'habitants, soit une progression de 289 millions.

Le même phénomène est également observé en Inde. Ensemble, selon toujours la toute dernière édition des Perspectives agricoles de l'OCDE et de la FAO, l'Afrique subsaharienne et l'Inde compteront pour 56% de la croissance démographique totale de la prochaine décennie, et « l'Inde deviendra le pays le plus peuplé du monde, devant la Chine ». Ce facteur va considérablement influer sur la demande de produits agricoles en Inde et en Afrique.

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