Madagascar  : victime de la spéculation des opérateurs, le prix du riz flambe

Suite à une rumeur annonçant une prochaine pénurie du riz à Madagascar, le prix de la denrée flambe de jour en jour depuis le début la semaine dernière. Soupçonnant les opérateurs du riz à l'origine de ce forfait, la sanction du gouvernement tarde à tomber, alors que de nouvelles importations du riz sont attendues pour faire baisser les prix.

Un tour à Antananarivo le démontre bien. Depuis quelques jours, les vendeurs de riz sont obligés de changer les étiquettes des étals. La rumeur d'une prochaine pénurie du riz a plongé la population dans la psychose, l'amenant à se bousculer auprès des vendeurs. Ces derniers qui en profitent, font grimper les prix sans arrêt depuis deux semaines. « J'ai acheté le riz il y a deux semaines à 1.400 ariary le kilogramme, et maintenant, le moins cher, il est à 1.800 voire 2.000 ariary le kilogramme. Ça me met vraiment en colère, mais il n'y a pas de solution pour l'instant. On attend la réaction du gouvernement », confie une acheteuse embarrassée du marché d'Analakely à nos confrères de Rfi. Témoin et victime impuissante de la situation, elle se demande si le pays n'avance pas vers une crise financière due à cette augmentation incontrôlée des prix du riz. ''Faux !'', rétorque le ministre du commerce Armand Tazafy. Tentant de rassurer la population, alors que son collègue de l'agriculture Rivo Rakatovao confie que le marché du riz est par nature spéculatif, il déclarera que son pays possède encore au moins un mois et demi de stocks de riz pour nourrir toute la population malgache. A son niveau, le membre du gouvernement à pointé la vraie source de l'augmentation effrénée du prix du riz. « Les opérateurs du riz (collecteurs, grossistes, détaillants, importateurs, ndlr) organisent cette pénurie parce qu'ils pensent qu'en gardant leurs stocks dans leurs entrepôts, compte tenu de la baisse de la production du fait de la sécheresse, ils espèrent vendre beaucoup plus cher dans une semaine ou deux. Mais cette organisation de la pénurie est une infraction dans la loi sur le commerce, que l'État réprime », explique t-il. Cependant, même si Armand Tazafy menace de sanctionner, à l'heure actuelle, aucune décision n'a été prise dans ce sens. Plutôt, au ministère du commerce, on laisse entendre vu que la rumeur a été dissipée, la flambée devrait s'arrêter et les prix se stabiliser dans les prochains jours. Mais déjà, le gouvernement annonce qu'un lot d'importateurs devrait faire venir environ 40.000 tonnes de riz d'ici fin avril pour prévenir la baisse habituelle des stocks en période de soudure, une période qui fait autant grimper les prix.

Le riz, cette denrée indispensable à Madagascar

La psychose créée par la rumeur de la pénurie du riz à Madagascar n'est pas injustifiée. Aliment de base du peuple malgache, la plupart le consomme au moins trois fois par jour. Ce qui fait du riz, une denrée indispensable sur la grande île africaine. Malgré les plus de 2,6 millions de tonnes de riz produites en moyenne chaque année sur son sol, Madagascar ne peut s'empêcher d'en importer. D'après les statistiques officielles, en 2016, le pays a importé près de 240.000 tonnes de riz, principalement d'Inde, du Pakistan et de Thaïlande. Au-delà de son rôle alimentaire prioritaire, le riz aurait une valeur culturelle importante dans le quotidien de chaque famille malgache. S'en priver serait donc un peu une déchéance sociale. Un argument de poids dont les vendeurs risquent encore de profiter pour longtemps, si le gouvernement n'agit pas une fois pour toute.

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Commentaire 1
à écrit le 02/02/2017 à 13:44
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Du producteur au consommateur qu'on nous disait... et des centaines d'intermédiaires parasites tous plus avides les uns que les autres.

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