Dans sa diversification économique, la Tanzanie joue la carte de l'aquaculture

Dans sa course vers le développement par la diversification économique, la Tanzanie explore de nouvelles pistes. Le pays d’Afrique de l’Est vient de boucler une grosse étude visant le développement d’une véritable industrie aquacole. Objectif : doubler la production de poisson d’eau douce d'ici 2025 et en devenir un pays exportateur.
Ristel Tchounand

Exploiter au maximum le potentiel naturel du pays pour se forger une économie solide et prospère, c'est bien ce que tente de faire la Tanzanie. Ce pays d'Afrique de l'Est fait actuellement un zoom sur l'aquaculture dont le potentiel au niveau national est énorme, selon les autorités. Le sujet était au cœur d'une rencontre scientifique qui vient de s'achever à Zanzibar entre experts tanzaniens et étrangers, conjointement organisée par l'Université de Dar es-Salaam, Worldfish Malaysia et l'Université suédoise des sciences agricoles et financée par le programme suédois Agriculture pour la sécurité alimentaire 2030 (AgriFoSe).

Il était question d'explorer les pistes de développement d'une stratégie d'aquaculture, notamment les différents moyens d'utiliser les importantes ressources en eau douce dont dispose le pays ainsi que les conditions environnementales favorables à la culture du tilapia et de la carpe.

« Nous avons une chance d'augmenter la part de notre pays dans la révolution bleue de l'aquaculture, une industrie qui progresse plus rapidement que toute autre segment de la production alimentaire à travers le monde. La production de tilapia pourrait aider à répondre aux besoins nutritionnels de notre population croissante d'une manière durable et fournir un surplus pour l'exportation », a déclaré Charles Mahika, directeur de l'Aquaculture, Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche (MAEP), selon The Fish Site.

Trouver une place dans un secteur qui monte

En effet, tellement l'aquaculture progresse ces dernières années que le terme « mondialisation du poisson » émerge de plus de plus. Selon une étude de la Banque mondiale, le secteur est passé de 5 à 63 millions de tonnes de poissons produits par an et devrait atteindre 93,6 millions de tonnes de poisson d'ici 2030. En d'autres termes, deux poissons consommés sur trois seront produits dans des fermes aquacoles dans 13 ans. D'après les pronostics du cabinet américain Allied Market Research, le marché mondial de l'aquaculture devrait peser 242 milliards de dollars US en 2022, contre 169 milliards en 2015.

Le secteur monte de plus en plus dans d'autres régions d'Afrique également. D'après les données du FAO, la production aquacole du continent est passée de 81 015 tonnes en 1995 à 1 485 367 tonnes en 2012. Quelques principaux producteurs: l'Egypte (986 820 tonnes en 2012), le Nigéria (253 900 tonnes en 2012), l'Ouganda (85 713 tonnes), le Ghana (27 500 tonnes), le Kenya (22 135 tonnes), la Zambie (13 000 tonnes), Madagascar (8 600 tonnes), ou encore la Tunisie (8 126 tonnes) pour ne citer que ceux-là.

Et même si la pratique reste encore peu encadrée et organisée dans certains pays, d'autres y voient de plus en plus l'intérêt d'investir. Au Nigéria en décembre dernier, les banques ont attribué un financement de 6,3 millions de dollars à un vaste projet d'aquaculture. Au Rwanda, des entreprises danoises tentent d'intégrer le marché.

Pour une contribution de 4,2% au PIB d'ici 2025

En termes d'espèces, le tilapia reste le principal poisson élevé dans les fermes africaines (devant le poisson-chat et la carpe). A l'international, deuxième poisson d'élevage après la carpe, le tilapia est le poisson le plus vendu au monde. C'est dire le marché potentiel dont dispose tous ceux qui investissent dans cette culture.

En développement l'aquaculture sur son territoire, la Tanzanie ambitionne de tripler la contribution de ce secteur au PIB à 4,2% d'ici 2025, contre 1,4% actuellement. Pour Dodoma, il s'agit également d'un bon moyen de diversification de l'économie du pays et atteindre les objectifs de la Vision de développement présentée en 2015. D'autant qu'après avoir réalisé un PIB par habitant de 1. 043 $ en 2014, le pays vise les 3 000 $ par habitant d'ici 2025 pour être classé parmi les « pays à revenus intermédiaire ». « Pour réaliser cela, les Tanzaniens doivent travailler dur. [...] Le secteur agricole, qui soutient plus que 70% de l'économie nationale, est bien placé pour contribuer de manière significative à la hausse attendue du PIB par habitant », a déclaré à la presse spécialisée Yohana Budeba, Secrétaire permanent au MAEP. « Le sous-secteur de la pêche contribue actuellement 4,5% du PIB national et cette contribution devrait augmenter avec le développement de l'aquaculture semi-intensive et intensive dans le pays », a-t-il ajouté.

Ristel Tchounand

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