La noix de cajou, future « star » de l’agriculture en Guinée ?

La Guinée veut faire émerger sa filière de l’anacardier, arbre produisant la noix de cajou, et multiplie les actions dans ce sens. Son ambition : s’offrir sa part du gâteau sur un juteux marché mondial et pourquoi pas concurrencer le leader régional, la Côte d’Ivoire.
Ristel Tchounand

« Vous le savez tous, il y a des terres à l'intérieur du pays... acceptez de faire la culture d'anacardes... », a déclaré le président Alpha Condé dimanche 1er janvier lors de sa traditionnelle présentation des vœux de Nouvel an aux militants et cadres de son parti, les encourageant à travailler parce que disait-il, « seul le travail paie ». Une sortie médiatique qui dénote encore de la volonté du gouvernement guinéen de porter plus haut la culture de l'anacarde.

300 000 ha en 2017 et 1 million ha en 2020

Conakry s'est en effet engagé à donner une place de choix à l'anacarde dans l'agriculture du pays, avec pour objectif d'atteindre 1 million d'hectares d'anacardiers d'ici 2020. Après avoir atteint les 200 000 ha de plantations d'anacardiers en 2016, le gouvernement ambitionne de les porter à 300 000 ha en 2017, comme le réitérait encore hier, mardi 3 janvier, la ministre de l'Agriculture et ancienne directrice de l'Alliance guinéenne de l'anacarde, Jacqueline Sultan, lors de son passage à la radio nationale.

Introduite en Guinée vers la fin des années 1940, la culture de l'anacardier à des fins commerciales n'apparait qu'à partir des années 1990. Mais celle-ci restera assez faible pendant longtemps. D'ailleurs, les chiffres réels de cette filière ont été pendant longtemps absents des données officielles. Selon une estimation faite par l'Institut de recherche agronomique de Guinée (IRAG) en 2013, la production de noix de cajou serait d'un peu plus 10 000 tonnes par an. Aujourd'hui, l'ambition de Conakry est de multiplier ce chiffre par six, pour compter 60 000 tonnes au cours des prochaines années.

Booster les recettes de l'Etat

Pour ce faire, les autorités multiplient les actions. D'abord, une Agence nationale de la promotion rurale et du conseil agricole (Anproca) a été mise sur pied, afin d'améliorer la productivité. Puis l'été dernier, le gouvernement a décidé de réhabiliter 400 000 hectares d'anciennes carrières en culture d'anacarde. « Ces sites étaient complètement décampés dans le cadre de l'exploitation de la bauxite. Nous les réhabilitons en remettant en place, les plants d'anacardes », expliquait alors à la presse Aly Condé, directeur national de l'Anproca.  Avant l'automne, 500 tonnes de semences d'anacardes ont été distribuées dans 17 préfectures sur les 27 concernées par cette culture à travers le pays et plus de 150 000 ha avaient déjà été ensemencées.

En septembre, l'Alliance africaine pour la cajou (une association d'entreprises africaines et internationales crée en 2006) basée à Accra (Ghana) a décidé, à son tour, d'apporter un appui technique au développement et la vulgarisation de la culture de la noix de cajou en Guinée. Depuis, elle travaille de concert avec les autorités du pays.

Dans cet élan de développement de sa filière d'anacarde, la Guinée vise non seulement la diversification de son agriculture, mais aussi l'augmentation de ses revenus au moment où les mines, l'une de ses principales richesses naturelles s'avèrent moins compétitive. En effet, l'avantage de la noix de cajou réside dans les fortes recettes qu'elle est capable d'enclencher. Vendue jusqu'à 1 500 dollars US la tonne, contre 39 dollars seulement pour la tonne de d'alumine, la noix de cajou peut en effet être source d'importantes recettes.

Concurrencer la Côte d'Ivoire ?

L'autre objectif de la Guinée est d'arriver à concurrencer la Côte d'Ivoire sur ce marché où la Guinée Bissau également ténor a quelque peu perdu de la vitesse en raison de ses récents problèmes politiques. Mais la route est encore longue pour le pays d'Alpha Condé, car premier producteur africain avec 750 000 ha de plantations (2009), la Côte d'Ivoire a produit plus de 700 000 tonnes de noix de cajou en 2015.

A défaut donc de barrer la route (très tôt) à la noix de cajou ivoirienne, le produit guinéen aura le mérite, si tout se passe comme prévu, de se frayer un chemin sur un marché mondial qui pèse environ 7,8 milliards de dollars.

Ristel Tchounand

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Commentaires 3
à écrit le 10/02/2019 à 23:30
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Je suis un opérateur économique du secteur acajou du Bénin

à écrit le 12/01/2017 à 10:38
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Il est tout a fait salutaire que la culture d'anacarde soit encouragée et soutenue de haut de niveau en Guinée. Car cette plante comporte assez de vertus: écologiques, alimentaires, industrielles et médicinales. Sa vulgarisation peut servir déjà à m...

à écrit le 10/01/2017 à 15:50
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Faudrait des investisseurs... quand on voit comment la Guinée a torpillé Copéol sur les arachides, ca ne donne pas envie d'investir là bas

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