Avec la France, l’Angola vise le transfert technologique pour devenir « une puissance agricole » africaine

Alors que le deuxième producteur de pétrole d’Afrique gère l’urgence de sa diversification économique, l’Angola entend tirer parti de son partenariat avec la France au travers du transfert technologique afin de mieux exploiter son potentiel agricole et devenir un acteur majeur sur le continent.
Ristel Tchounand
Joao Lourenço (à gauche) et Emmanuel Macron à Paris, le 28 mai 2018.
Joao Lourenço (à gauche) et Emmanuel Macron à Paris, le 28 mai 2018. (Crédits : Reuters)

En construction depuis 2014, l'Institut supérieur des technologies agroalimentaires de Malanje -au Nord de l'Angola- a été officiellement inauguré par le président Joao Lourenço ce mardi 13 octobre. Il est équipé de salles de classes, des laboratoires pédagogiques et de recherche, mais aussi des pavillons de transformation d'animaux et de produits agricoles. Fruit du partenariat entre l'Angola et la France qui en est d'ailleurs le principal financier, cet établissement dont la mission est de former une main d'œuvre angolaise hautement qualifiée dans la recherche et l'ingénierie agro-alimentaire, l'agronomie et l'ingénierie vétérinaire, constitue l'une des principales armes de ce pays d'Afrique lusophone pour devenir « une puissance agricole » à travers le continent, selon le président angolais.

« Nous devons former l'Homme »

« Nous avons des conditions objectives pour pouvoir réaliser cette ambition. Nous avons de bonnes terres, beaucoup d'eau. Nous devons maintenant former l'Homme », a déclaré Joao Lourenço, estimant que son pays entend tirer parti de sa coopération avec la France, elle-même « puissance agricole en Europe », en misant sur le transfert technologique pour atteindre son objectif, rapporte l'agence de presse angolaise, Angop.

La coopération agricole entre l'Angola et la France est soutenue par deux conventions signées en mai 2018 -à l'occasion de la visite de Lourenço à Paris- avec l'Agence française de développement (AFD) dans le domaine de l'agriculture et les bourses d'études.

Lire aussi : Angola : « Au-delà des lois, le défi de Lourenço est de propulser la croissance à 7% » [Interview]

La visite d'Emmanuel Macron en Angola -prévue en mai dernier, mais ajournée en raison de la pandémie- était l'un des premiers déplacements du président français en Afrique acté en début d'année. L'objectif était d'amplifier la portée de la coopération économique entre les deux pays, l'Angola étant l'une de ces économies africaines à laquelle Paris regarde particulièrement dans le cadre du renforcement de sa présence dans les pays lusophones. D'ailleurs, la prochaine visite du président français en Angola dont le nouveau calendrier n'a pas encore été dévoilé, devrait servir à élargir la coopération agricole à l'Institut moyen agraire de Malanje (IMAM) qui forme notamment à la zootechnique, la production végétale, la gestion agraire et la mécanisation agricole.

Après la déception du pétrole, la piste agricole

Foncièrement pays pétrolier, l'Angola est le deuxième producteur d'or noir d'Afrique derrière le Nigeria. Principal pilier de son économie (60% du PIB), le pétrole lui a permis d'enregistrer une croissance à deux chiffres jusqu'en 2008 (parfois jusqu'à 15%). Mais la chute des cours sur les marchés internationaux au gré des chocs et crises, couplée aux grosses difficultés financières de la compagnie nationale, Sonangol -où d'anciens responsables dont Isabel Dos Santos ont été accusés de détournements de fonds, contraint le pays à la diversification depuis plusieurs années. D'autant plus qu'alors que 2019 annonçait les couleurs d'une sortie de récession, la pandémie de Covid-19 a enfoncé le clou de la crise. Le Fonds monétaire international s'attend à -4,5% de croissance en 2020. Le secteur minier -l'autre major économique du pays- tardant à maximiser des investissements concrets, l'agriculture qui emploie 68% de la population active en ne contribuant qu'à 10% du PIB, se profile comme une voie d'excellence.

Pour son développement agricole, l'Angola peut compter sur plus de 57 millions d'hectares de terres agricoles, dont plus de 5 millions d'hectares de terres arables. Le pays dispose en réalité d'un passé agricole fort. Jusqu'à la fin des années 1970, l'Angola était le deuxième producteur de café d'Afrique. Le pays exportait en outre le maïs et le tabac, pour ne citer que cela. La longue guerre civile à laquelle l'Angola a été exposé et le manque d'investissement dans le développement agricole ont tué le secteur. A Luanda, on espère que les initiatives actuelles redorent le blason agricole d'un pays en quête de souffle économique.

Ristel Tchounand

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Commentaire 1
à écrit le 15/10/2020 à 10:48
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Ce n'est pas pour rien que la classe dirigeante européenne a trusté les dirigeants africains vu que nous exportons l'agro-industrie qui est pourtant en train d'éradiquer l'humanité. Vous êtes en train de l'offrir aux pires criminels qu'ils soient sur...

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