Investissements : la Chine réduit la voilure, l’Afrique devrait-elle s’inquiéter ?

Les autorités chinoises ont fait part cette semaine, de leurs décisions de restreindre les investissements des entreprises publiques à l’étranger. Plusieurs secteurs sont concernés, mais la décision ne risque pas d’affecter les investissements chinois en Afrique qui continue à enregistrer une croissance assez soutenue.

La Chine va réduire la voilure des investissements de ses entreprises publiques à l'étranger. L'annonce a été faite mercredi dernier par les autorités du pays et par la suite, la Commission chinoise d'administration et de supervision d'actifs publics (SASAC) a donné les contours, encore vagues, de l'opération. Dans un premier temps, la SASAC qui administre les 102 grandes entreprises publiques du pays, va élaborer une liste des principaux secteurs qui seront soumis à une « étroite surveillance » en matière d'investissements à l'étranger. La surveillance pourrait se solder par une réduction voire « une interdiction des acquisitions irrationnelles » selon le gouvernement chinois.

En attendant la publication très attendue de cette fameuse liste, le quotidien officiel China Daily, qui cite la vice-présidente de la SASAC, Huang Danhua, a livré quelques détails. Il s'agit, selon cette source, des secteurs soumis à une forte fluctuation des cours des matières premières ou des industries lourdes. Toutefois, les investissements dans les secteurs stratégiques pour la Chine comme le nucléaire où les télécommunications, ne seront pas concernées par les nouvelles mesures.

D'autres médias chinois ont également rapportés que l'interdiction devrait surtout concerner de grosses opérations où les investissements pouvaient se compter en milliards de dollars. La Chine qui a vu ses investissements à l'étranger progresser de 44% en 2016 selon les statistiques officielles avait déjà annoncé, en décembre dernier, vouloir mettre fin aux investissements irrationnels notamment dans des domaines comme le sport ou le divertissement.

Inquiétudes et compréhension sur les marchés.

La décision des autorités chinoises a certes de quoi inquiéter les marchés financiers surtout au regard de la contribution des investissements chinois dans la reprise de la croissance dans certains pays développés. Les nombreuse acquisitions à tour de bras et pour des montants faramineux que Pékin a soutenu ces dernières années ont en effet permis à certaines économies de tenir la tête hors de l'eau surtout qu'elles interviennent dans des secteurs à la croissance assez morose comme le cinéma, le sport ou le tourisme qui ont été fortement impacté par les répercussions de la dernière crise financière.

Toutefois, dans l'ensemble, les analystes et médias financiers semblent comprendre les justifications de cette décision de Pékin en se basant sur des explications qui, à priori, mettent l'Afrique hors du radar des conséquences de cette volonté de la Chine de réduire la voilure en matière d'investissements directs à l'étranger (IDE).

Selon plusieurs analyses, les autorités chinoises veulent surtout endiguer la fuite des capitaux dont souffre l'économie du pays, ce qui se traduit par une forte dépréciation du yuan. Par ailleurs, la décision visera aussi à contenir la dette chinoise qui a atteint 250% de son  PIB.

Les entreprises publiques chinoises sous contrôle de la SASAC sont en partie responsables de cette explosion de l'endettement accentuée par la baisse en régime de la croissance chinoise ces derniers mois. C'est d'ailleurs ce qui a motivé la SASAC à annoncer, en septembre dernier, une vaste opération de redressement des sociétés sous sa tutelle qui traversaient une mauvaise passe.

L'Afrique épargnée

Les explications des experts ainsi que les motivations des autorités chinoises montrent donc que le continent sera épargné par la réforme des IDE que compte désormais mettre en œuvre le gouvernement chinois. Même si les secteurs visés par cette décision concernent beaucoup de pays africains, la dynamique des investissements chinois ne risquent pas, à court et moyen terme, de se répercuter sur le continent. Ces derniers continuent toujours d'enregistrer une croissance soutenue comme l'a annoncé dernièrement le porte-parole du ministère chinois du commerce, Sun Jiwen, qui a fait cas d'une hausse des IDE de 31% sur les dix premiers mois de 2016 comparé à leur niveau de 2015. Une progression conforme à l'annonce à l'occasion du 6e forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC) de Johannesburg faite par le président chinois, Xi Jinping, d'injecter 60 milliards de dollars en Afrique entre 2016 et 2018 sous forme d'investissements, de prêts et de dons.

De quoi conforter le continent qui se trouve donc à l'abri des nouvelles velléités de Pékin qui attisent les inquiétudes sur les marchés financiers étrangers.

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