Zambie  : le FMI déconseille un Eurobond, le gouvernement insiste

Dans un contexte économique particulièrement difficile en Zambie, Alfredo Baldini chef de la mission du Fonds monétaire internationale dans le pays, a déconseillé au gouvernement de Lusaka de se lancer dans un nouvel Eurobond. L'institution financière trouve que les conditions sont devenues trop difficiles sur le marché international des capitaux.

Face à sa situation plutôt compliquée, la Zambie songe à l'émission d'un nouvel Eurobond pour refinancer son économie. Une idée que le Fonds monétaire international (FMI) n'approuve pas. Pour Alfredo Baldini, chef de la mission du Fmi en Zambie, il n'est pas question que Lusaka se retrouve à se lancer dans un Eurobond. Selon lui, le marché international des capitaux est trop pénible aujourd'hui, notamment à cause des fluctuations monétaires. Pourtant le gouvernement zambien est décidé à aller dans ce sens.

Lors d'une rencontre avec les médias du pays, le ministre zambien en charge des finances a expliqué que le gouvernement a un projet qui vise à gérer ses dettes, en refinançant les Eurobonds émis entre 2012 et 2015 dont le montant est de 2,8 milliards de dollars. « L'objectif est de les remplacer par des obligations à l'échéance plus longue et des taux légèrement inférieurs », avait souligné Félix Mutati, le ministre des finances. Selon lui, l'enjeu pour le pays est de réduire le poids de la dette de son pays sur le PIB, pour atteindre 15% alors qu'actuellement elle est à 19%. Une initiative redoutée par le FMI. L'institution estime que refinancer la dette la rendra encore plus chère. Alfredo Baldini croit aussi que les maturités situées entre 2022 et 2025 sont encore éloignées et qu'il n'y a pas lieu de se précipiter.

La Zambie, une économie difficulté

La Zambie vit une situation de grave crise économique depuis près de 10 ans, due à la chute des cours de sa matière première, le cuivre. Même si le secteur minier en général, a tant bien que mal résisté depuis 2014, cette crise a émis une pression sur le budget de l'Etat et a contraint le gouvernement à ne pas honorer ses engagements.

L'économie doit faire face à d'autres urgences. La pénurie d'électricité qui sévit depuis juin 2015 à Lusaka a des répercussions graves sur l'industrie manufacturière et d'autres secteurs de l'économie. De source officielle, le pays n'arrive à avoir qu'entre 40 et 50% de son besoin énergétique, ce qui l'oblige à pratiquer des délestages chaque jour. En conséquence de la chute des activités, le kwacha (ZMW, monnaie zambienne), s'est dépréciée de 42 % par rapport au dollar, si bien que l'inflation atteignait 21 % en fin d'année. Le ralentissement de l'activité économique a entraîné plus de 9 000 pertes d'emplois dans le secteur privé formel.

Accentué par la baisse et la faiblesse de la production agricole, la croissance de l'économie réelle est tombée à son plus bas depuis 15 ans. Les chiffres officiels parlent de 3,7% en 2015 contre 5% en 2014. Selon les données du ministère de l'agriculture de la Zambie, la production de maïs, porte-flambeau de l'agriculture, a chuté de 22% à cause du manque de pluies. La croissance économique devrait donc rester faible à moyen terme, la Zambie étant tributaire de ses pays voisins pour son approvisionnement. Une configuration qui a considérablement gonflé l'endettement du pays. A défaut de se relancer dans les Eurobonds, le gouvernement devrait peut-être commencer par diversifier son économie.

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