A Marseille, les investisseurs du monde font la course vers l'Afrique

Finit le temps où les investisseurs regardaient l’Afrique comme un continent risqué. Qu'ils viennent du Golfe, de Chine d'Europe ou du Maghreb, les investisseurs sont en course pour se positionner dans le continent et pour accompagner les entrepreneurs les plus innovants. Lors de la semaine économique de la méditerranée, organisée à Marseille du 2 au 4 novembre, les intervenants ont discuté les avantages, les difficultés et la stratégie de chaque région...
Mehdi Lahdidi

« L'Afrique n'est plus une région ou on déverse des marchandises, mais un endroit propice pour créer de la richesse ». Ces mots viennent d'un entrepreneur qui a déjà franchi le cap et qui sait ce qu'il dit. Intervenant lors d'un des nombreux panels de la Semaine Economique de la Méditerranée, Tarak Chérif, le président de la Confédération tunisienne des entreprises citoyennes, estime que les investisseurs européens devraient s'allier leur homologue maghrébins pour investir en Afrique. « Les chinois qui ont commencé par investir dans le secteur du BTP en Afrique se sont rapidement approprié le terrain et installent aujourd'hui des unités de productions dans le continent », explique-t-il. Seulement, les chinois ne sont pas seuls. Des groupes tunisiens et marocains se ruent aussi vers l'Afrique. Mais pour ce capitaine industriel tunisien, il faudra que les « puissants partenaires européens » accompagnent les opérateurs maghrébins. Les premiers ont une plus grande force de frappe, les deuxièmes ont une meilleure capacité d'adaptation. « La nature a horreur du vide, si on n'y va pas tout de suite, quelqu'un d'autres le fera, et ça sera trop tard ». Candace Johnson, présidente d'EBAN & Sophia Business Angels et fondatrice de la société de satellite Astra, est d'accord. Pour elle, il faut suivre les entrepreneurs :

« Ceux qui vont en Afrique sont entrain de résoudre aujourd'hui les problèmes auxquels le monde entier va devoir faire face dans les prochaines années. Il travaille sur les problématiques de la sécheresse, les services de santé et d'éducation, l'énergie ou la sécurité informatique. Toutes des problématiques que toutes les régions du monde vont connaitre dans le futur. Et ils réussissent à trouver des solutions innovantes qui peuvent être réutilisées », explique-t-elle.

'Leapfrog', quand les difficultés deviennent avantageuses...

La business Angel illustre ses propos par le cas du Rwanda. Le pays contourne aujourd'hui la faiblesse de ses infrastructures en utilisant des drones pour la distribution de médicaments. « Ce qui le rend aujourd'hui, l'un des pays les plus avancés en la matière », ajoute-t-elle.

Pour elle, l'Afrique et toute la région de EMEA (Europe Moyen Orient et Afrique) est en train de faire un « leapfrog » (Concept selon lequel des innovations radicales permettront aux pays en développement de devancer les pays les plus ancien et dominant). Par contre, elle nuance, par rapport au digital. « Il faut qu'on arrête de parler d'économie digitale. Le digital est maintenant à la base de toutes notre économie », explique-t-elle. Pour elle, la priorité, c'est surtout de connecter le continent. Elle croit toutefois qu'il faut surtout s'axer sur l'innovation des technologies satellitaires et sans-câble.

La solution de la dépendance du golfe au pétrole se trouve en Afrique...

Cette donne, les pays du golfe l'ont compris. Munis de leurs forces de frappe surpuissante, l'Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis se positionnent dans tous les secteurs d'activités en Afrique.

« Dans l'objectif de casser leur dépendance du pétrole, les pays du golfe diversifient leurs revenus. Ils poussent leurs groupes à investir un peu partout dans le monde. Et ils ont compris qu'investir en Afrique est porteur, surtout dans des secteurs innovants plutôt que dans les matières premières. Des groupes télécoms comme Ooredoo ou Etisalat et compagnies aériennes comme Air Arabia et d'autres groupes industriels occupent aujourd'hui une place importante en Afrique », estime François-Aissa Touazi, président du Think-Tank CAPmena et du MENA Economic Forum.

L'Europe, dernier de la classe...

Paradoxalement, en Europe, « il n'y a pas de stratégie claires pour l'investissement en Afrique », déplore Dirk Vantyghem, directeur des Affaires internationales à l'Association européenne des chambres de commerce et d'industrie. « Il existe des stratégies vagues et floues pour chaque block de pays », ajoute-t-il. La stratégie européenne pour l'investissement en Afrique subsaharienne vise surtout le développement. « Il existe beaucoup de systèmes de financement et de commissions ce qui est handicapant et regrettable », estime l'expert qui pointe du doigt la bureaucratie européenne qui empêche la traduction des intentions en action.

Mehdi Lahdidi

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