Maroc/Rwanda : du business et plus si affinités...

Le choix du Rwanda comme 1ère étape de la tournée du Souverain marocain en Afrique de l’Est ne relève pas du hasard. Les opérateurs marocains comptent bien profiter du réchauffement des relations diplomatiques entre Kigali et Rabat pour booster les échanges commerciaux entre les deux pays. En témoigne, l'acquisition récente de la Cogebanque par Attijariwafa Bank. Les opérateurs rwandais de leur côté, voient dans cet intérêt un moyen de diversifier leurs partenariats économiques et de réduire leur dépendance à l’industrie minière.
Amine Ater
Le dynamisme économique et la stabilité politique du Rwanda, font de Kigali un marché à défricher pour les opérateurs marocains. En témoigne la récente acquisition de la Cogebanque par Attijariwafa Bank

Le Rwanda jouit depuis quelques années d'une conjoncture économique favorable, affichant une croissance insolente de 8% en moyenne entre 2001 et 2015, selon les estimations de la Banque mondiale. Une frénésie qui s'est relativement calmée avec un taux de croissance qui est passé de 7% en 2014 à 6,9% en 2015. Cette croissance est portée notamment par la bonne santé du secteur des services qui représente 47% du PIB. Cette activité a par ailleurs, enregistré un taux de croissance réel de 7,47% en 2015, qui s'est traduit par une contribution de 3,7% au PIB lors du même exercice. Un dynamisme du secteur des services qui a encouragé Attijariwafa Bank à acquérir la Compagnie Générale de Banque (Cogebanque), selon l'Agence rwandaise de l'investissement et du tourisme. Créée en 1999, cette banque commerciale rwandaise avait pour actionnaire majoritaire la Compagnie générale d'assurance et de réassurance (COGEAR) qui détenait 34% de ses parts. La Cogebanque est classée comme 3e banque du Rwanda en termes d'actifs totaux, qui s'élèvent à 178 milliards de francs rwandais (environ 200 millions d'euros). L'établissement a enregistré en 2015 un bénéfice brut de 3,8 milliards de francs rwandais (près de 4,29 millions d'euros) et compte parmi ses champs d'activités les services, l'agriculture et l'accompagnement de PME.

L'agriculture en bonne forme

Le secteur agricole a pour sa part, enregistré une croissance réelle de 5 % en 2015, contribuant ainsi à hauteur de 1,5% au taux de croissance. L'agriculture représente 33 % du PIB du Rwanda. Une proportion qui devrait attirer l'attention d'OCP Africa (filiale de l'OCP), actuellement en quête de débouchés pour la production de l'Africa Fertilizer Complex (1 million de tonne d'engrais/an) entièrement dédié à l'agriculture africaine. L'activité industrielle (14% du PIB) connaît elle aussi un trend positif, avec une croissance à 7% en 2015.

Un dynamisme menacé par la baisse des cours miniers

Il n'empêche que l'économie rwandaise reste menacée par la baisse des marchés miniers. En témoigne l'abaissement de sa note pays, de B+ stable à négative. Une dégradation justifiée par les pressions subies sur les comptes extérieurs rwandais, conséquence de la chute des cours miniers. Malgré un faible apport au PIB (1%) de l'industrie minière (cassitérite, coltan et wolframite), la baisse des prix a entraîné la chute de 40% des revenus en devises de Kigali en 2015. Le Rwanda cherche également à réduire sa dépendance vis-à-vis de l'aide extérieure (qui représente 30 % à 40 % du budget national selon la Banque mondial) par la mobilisation de ressources internes. Même si Kigali utilise efficacement l'aide reçue pour assurer son développement, elle reste toujours à la merci des variations de ses flux.

19 conventions, autant d'opportunités

Le rapprochement économique entre le Maroc et le Rwanda se confirme avec la signature de 19 conventions bilatérale entre pouvoirs publics et opérateurs des deux pays. Une batterie d'accords qui touchent les finances, la santé ou encore le tourisme. En clair, Kigali et Rabat ont notamment conclu des accords relatifs aux services aériens, l'exemption de visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques, ceux de services et spéciaux. S'y ajoutent, une convention de non double imposition, un accord de partenariat entre le ministère des Finances rwandais et le groupe Banque Centrale Populaire (BCP) portant sur la mise en place d'un programme de micro-finance. La BCP a par ailleurs signé une seconde convention avec le ministère des Finances rwandais sur l'adhésion à l'Africa Mutual Growth. L'opérateur pharmaceutique marocain Cooper Pharma, épaulé par la Bank of Africa-Rwanda (filiale de la BMCE Bank of Africa) a également conclu un mémorandum d'entente avec les autorités sanitaires rwandaises. La fournée d'accords signés englobent également le volet énergétique avec le rapprochement opéré entre Masen (opérateur public marocain dans le domaine des énergies renouvelables) et la Rwanda Energy Group Ldt. S'y ajoute, un mémorandum d'entente sur le financement de 5.000 logement économiques à Kigali entre le groupe Palmeraie Développement , la BMCE Bank of Africa et la Developpment Bank of Rwanda.

Amine Ater

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.