Kenya : la crise politique tient les opérateurs économiques en haleine

La situation politique inédite que traverse actuellement le Kenya, où les électeurs devront voter une seconde fois pour élire leur président, inquiète les opérateurs économiques. Ces derniers qui faisait déjà face à un ralentissement de la croissance depuis 3 ans, doivent maintenant composer avec une incertitude politique qui risque d’impacter les dépenses publiques et par ricochet la dette du pays.
Amine Ater
L'annonce par le Cour Suprême kényane de l'invalidation des résultats du scrutin présidentiel du 8 août fait craindre aux opérateurs des complications économiques.

Le blocage politique que traverse actuellement le Kenya, qui après un arrêt de la Cour suprême a été obligé de reprendre à zéro son processus électoral dans un délai de 60 jours suscite l'inquiétude des opérateurs économiques. L'annulation des résultats du scrutin du 8 août dernier, signifie en effet une incertitude politique prolongée qui pèse sur la croissance et la confiance des investisseurs.

L'instabilité épouvantail pour les investisseurs

La publication des résultats invalidés et l'arrêt des affrontements entre les supporters de la coalition de l'opposition et les forces de sécurité avait suscité une recrudescence des demandes de renseignements concernant les entreprises kényanes de la part d'investisseurs étrangers selon le gestionnaire de fonds, Genghis Capital, basé à Nairobi. Un intérêt que cette nouvelle donne politique risque certainement de freiner voire de se transformer en épouvantail pour les investisseurs internationaux pour qui la stabilité est une condition sine qua non.

L'annonce du premier septembre a eu pour premiers effets, notamment sur l'indice FTSE Kenya 25 de la Nairobi Securities Exchange qui a accusé une baisse de 4%. L'indice des stocks a également enregistré une baisse de 1,6%, alors que le shilling a perdu de 0,2% par rapport au dollar s'établissant à 103,24 shilling pour un dollar. La situation politique fait craindre pour les rendements de la dette étrangère du pays qui avait connu une progression lors des deux derniers mois.

L'économie kényane connaissait déjà un ralentissement avant les élections présidentielles. Après avoir enregistré une progression moyenne de 5,7% par an depuis la prise de fonctions de Kenyatta en 2013, le taux de croissance a ralenti lors des dernières années pour s'établir à 4,7% au premier trimestre 2017. Un ralentissement qui s'est conjugué à une sécheresse qui freine la production agricole. S'y ajoute, la baisse des revenus issus de la grande et petite consommation et du tourisme au démarrage de la campagne électorale, par crainte d'une répétition des violences ayant fait 1.100 morts après l'élection contestée de 2007.

La dette pourrait être impactée

Ce nouveau vote risque par ailleurs, de compliquer les tentatives de Nairobi de réduire ses dépenses publiques, alors que le déficit budgétaire a atteint 10,2% au dernier trimestre. La reprise de la campagne électorale fait craindre une augmentation des dépenses par les pouvoirs publics ce qui se traduirait par une hausse « agressive » de la dette nationale et internationale kényane. Une dette « incontrôlée » due à des dépenses électorales risque de faire réagir les agences de notations. La reprise à zéro du processus électoral signifie également que la nouvelle administration quel que soit le gagnant ne serait en état de gouverner qu'en janvier prochain.

Ce qui signifie un arrêt total des projets gouvernementaux, des décisions politiques nécessaires pour stimuler l'économie notamment un éventuel examen du plafond sur les taux des prêts bancaires. En plus de la sécheresse qui met en péril la saison agricole, le tourisme, la construction, la vente au détail sont autant de secteur qui risquent de pâtir du blocage politique. Le secteur bancaire pourrait également être impacté par un ralentissement de l'économie particulièrement en cas de crise chez les PME.

Amine Ater

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