Afrique du Sud : les Gupta bientôt relégués au rang « d’intouchables »

La pression que subi le clan Gupta et ses entreprises semble loin de faiblir. Bien qu’ils aient réussi à traverser à moindre dégâts l’ouragan médiatique suscité par le rapport dénonçant la proximité des familles Gutpa et Zuma en novembre dernier, la roue semble avoir tourné pour les deux clans. Là où les Gupta font face à la défiance des banques qui a atteint même leur fief de Mumbai, Zuma doit pour sa part faire face à sa quatrième motion de censure.
Amine Ater
Jacob Zuma et le clan Gupta semblent avoir lié leur destin et font face tous deux à une pression montante de la part des parlementaires et des opérateurs économiques.

L'empire commercial sud-africain des Gupta semble vaciller face aux accusations de collusions entre la richissime famille et l'entourage de Jacob Zuma, qui lui aurait permis de récolter des milliards de rands en contrats publics. Après le rapport accusateur de l'Ombudsman publié en novembre dernier, citant Atul, Ajay et Rajesh Gupta qui auraient usé de leur influence au sein du cabinet présidentiel pour « sécuriser contrats et transactions avec les entreprises d'Etat ».

Les Gupta attaqués sur 2 fronts

A ce rapport se sont ajoutés par la suite des accusations d'influentes organisations religieuses et d'universitaires en mai dernier. Un mois plus tard, c'est au tour de la presse sud-africaine de publier des centaines de milliers de courriels qui prouveraient les liens entre le clan Gupta, leurs employés ou encore leurs associés et le gouvernement. Des mails, dont la véracité a été à maintes fois mise en doute par les Gupta, notamment Aptul lors d'une récente interview avec la BBC.

Bien que la famille et son entourage aient toujours nié toutes les accusations, cette affaire a poussé les 4 plus importantes banques d'Afrique du Sud à fermer les comptes des entreprises contrôlés par les Gupta en 2016. Une décision justifiée par les risques d'être perçus comme proche de la famille, un mouvement qui a traversé l'océan indien en avril dernier, avec l'annonce de la Baroda Bank, basée à Mumbai de clôturer les comptes liés au clan Gupta.

A la pression bancaire, s'ajoute les désistements commerciaux

Une fermeture qui devrait être finalisée dans un mois et qui pourrait réduire drastiquement l'accès aux services bancaire pour les Gupta. Parallèlement, Oakbay Resources et Energy Ltd, des entreprises contrôlées par le clan Gupta ont été forcées de se retirer de la Bourse de Johannesburg en juillet dernier. Selon l'état-major des Gupta, ces opérations dépasseraient le conseil d'administration et seraient dues à « des intérêts commerciaux établis ». La montée en régime de la pression exercée autour des Gupta est confirmée par le Centre de gouvernance de l'université de Pretoria, dont les analystes estiment que « les Gupta sont expulsés du pays de plusieurs manières. Ils sont devenus intouchables dans le sens que personne ne veut désormais faire affaire avec eux ».

La décision de l'entreprise britannique de relations publiques, Bell Pottinger, de ne plus représenter Oakbay Investments en avril dernier donne foi à l'analyse des universitaires. La firme britannique est allée plus loin en mai dernier en licenciant un haut cadre et en suspendant 3 employés après avoir effectués des tâches dont une campagne sur les médias sociaux, pour le compte de la famille Gupta, et que Bell Pottinger a jugé « inappropriées et offensantes ». Le 18 juillet dernier, c'est au tour de Vitol Group, un des plus grand commerçant de pétrole au monde à faire marche arrière, et à annuler une prise de participation dans Tegeta Exploration and Resources, le plus important terminal de charbon d'Afrique, qui appartient aux Gupta.

Zuma obligé de lâcher du lest

Du côté de Jacob Zuma, principal allié des Gupta qui aurait même ordonné le limogeage de Parvin Gordhan du ministère des Finances en mars dernier, pour sa défiance vis-à-vis de la présidence et des Gupta, doit affronter ce 8 août une quatrième motion de censure. Sauf que contrairement aux 3 motions précédentes, cette dernière permettra le scrutin secret, ce qui rend le résultat de cette motion incertain. Zuma qui doit démissionner de la tête de l'ANC en décembre prochain s'est par ailleurs engagé à mettre sur place une commission d'enquête sur l'influence des Gupta, alors que les parlementaires devraient lancer une investigation parallèle sur le sujet.

Les Guptas sont actifs en Afrique du Sud depuis les années 1990, en créant Sahara Computers, une entreprise informatique dès leur arrivée. Ils diversifieront leurs activités au fur et à mesure avec des actifs dans l'uranium, l'or, le charbon, un casino de luxe, une entreprise d'ingénierie, un journal ou encore une station TV. Ces derniers emploient depuis 2005, Duduzane Zuma, fils du président qui a débuté sa carrière chez les Gupta en tant que stagiaire chez Sahara Computers, avant de gravir les échelons et de faire partir des Conseils d'Administration d'au moins 11 entreprises du groupe.

Amine Ater

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