Afrique du sud : la Banque centrale réduit de le taux directeur pour la première fois depuis 2012

Après la polémique qui l'a opposé à l'autorité anti-corruption, la Banque centrale de l'Afrique du sud joue ses dernières cartes pour relancer la croissance.
Mehdi Lahdidi
Le gouverneur de la SARB, la Banque centrale sud-africaine, Lesetja Kganyago.

Une fois son taux d'inflation commence à se stabiliser, l'Afrique du sud décide de réduire son taux directeur pour redynamiser son économie grippée. A la surprise générale, la South African Reserve Bank (SARB) de la deuxième économie d'Afrique vient d'opérer une baisse de 25 points de base sur son taux directeur qui se situe dorénavant à 6,75%.

Il s'agit de la première réduction du taux depuis juillet 2012. Même si la décision est censée encourager la production des entreprises et la consommation, le gouverneur de la Banque centrale, Lesetja Kganyago, reste préoccupé par les perspectives de croissance du pays. « Le Comité de la politique monétaire de la Banque centrale estime que les risques pour les perspectives d'inflation restent globalement équilibrées, mais il demeure préoccupé par la détérioration des perspectives de croissance », a déclaré Kganyago.

Cela dit, le gouverneur de la SARB n'écarte pas la possibilité d'inverser cette décision si les perspectives d'inflation se détériorent. « La demande, extrêmement faible, suscite des inquiétudes quant à l'inflation qui, se situe actuellement à 5,4%, dans l'extrémité supérieure de l'objectif de la banque entre 3 et 6% », a ajouté le responsable.

En tout cas, les cours du rand ont poursuivi leur chute libre. Jeudi matin le jour de l'annonce de la décision, la monnaie locale a encore perdu 0,9% de sa valeur face au dollar. Il est par contre à préciser que cette chute ne trouve pas sa source dans la réduction du taux directeur. La monnaie est plutôt sensible à l'incertitude politique et à d'éventuelles baisses de notation de crédit. D'ailleurs, beaucoup de spécialistes s'attendent à ce que la Banque centrale réduise davantage le taux dans les prochains mois afin d'encourager les entreprises à investir, ce qui pourrait en théorie pousser vers une revalorisation du rand. Seulement la clé de la reprise, au point de vue des observateurs, se trouve dans une stabilisation d'un champ politique totalement chamboulé depuis quelques mois. Le point culminant de ce chamboulement était le limogeage du ministre des finances et rival du clan Zuma, Pravin Gordhan, fin mars 2017.

La croissance aux abonnés absents...

Dans un contexte des guerres intestinales à couteaux tirés au sein du parti au pouvoir, d'une série de scandales politiques en plus de la faible attractivité des exportations sud-africaine, les perspectives économiques du pays ne promettent rien de bon. Au premier trimestre de l'année, la croissance s'est contractée à 0,7%. La banque des banques reste pessimiste pour la suite. Elle a réduit ses prévisions de croissance à 0,5% pour l'année encore, et à 1,2% pour 2018. Parallèlement, elle s'attend à ce que l'inflation reste dans la fourchette cible de 3 à 6% jusqu'à fin 2019.

Mehdi Lahdidi

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