Burundi : une pénurie de carburant frappe Bujumbura

Les populations burundaises sont victimes d'une pénurie de carburant depuis deux jours. Les stations-services, dans la quasi-incapacité de satisfaire les clients, les voient se rassembler en masse pour s'approviisionner en carburant. Le gouvernement avait pourtant affirmé fin mars dernier que le pays avait un stock suffisant.

C'est une situation surprenante,  après la sortie très rassurante du ministre de l'énergie et mines, Côme Manirakiza, fin mars dernier. Le Burundi connaît une grave crise de carburant depuis deux jours, la deuxième en deux mois, qui ne laisse personne indifférent. Dans la capitale Bujumbura, les stations-services ne peuvent rien y faire. La situation n'a que trop de conséquences sur le quotidien des Burundais et sur la rentabilité du pays. «Si on doit s'aligner deux ou trois heures ou même une journée, vous perdez une journée de travail. Donc, c'est un manque à gagner. La contrebande s'amène même d'elle-même».

«Tous ceux qui ont pu avoir du carburant, peut-être vont le revendre sur le marché noir. Tous ceux qui font du transport de minerais préfèrent acheter de l'essence à un prix deux fois supérieur», déplore Célestin Nsavyimana, président du collectif des transporteurs du Burundi, au micro de nos confrères de RFI. Les stations-services assistent impuissantes à la scène des automobilistes et des motocyclistes qui klaxonnent sans cesse, entre colère et impatience.

«Maintenant je suis devant une station-services. A cause de l'agglomération des personnes qui cherchent le carburant, les pompistes viennent de fermer. Nous sommes là, nous attendons, on ne sait pas quand on va avoir du carburant. Il y a même un client qui vient de m'appeler, qui voulait une assurance. Malheureusement je suis dans l'impossibilité de le servir», témoigne un agent des assurances à Bujumbura.

Très remonté, il ne comprend pas comment le gouvernement a pu laisser la situation s'empirer. Tout comme lui, beaucoup de personnes et d'organisations se posent la même question. Un mouvement de la société civile a d'ailleurs interpellé le gouvernement dans une lettre ouverte à ce sujet, pointant du doigt la corruption dans le secteur comme principal problème.

La pénurie de carburant sur le marché officiel ne peut qu'évidemment profiter à la contrebande, comme le craignait Célestin Nsavyimana. Clandestinement et avec la complicité des plus nantis qui sont fournis, elle prospère.

Bonne affaire pour le carburant de contrebande

Dans la capitale burundaise, dans les milieux du marché noir, un litre d'essence coûte 5 000 franc bu. Le carburant se vend à prix d'or en clandestinité où ne peuvent s'abonner que les citoyens les plus nantis ou qui sont connus des vendeurs, de peur de se faire arrêter par la police. Parfois même à la pompe, certains citoyens qui arrivent à se faire servir revendent leur carburant à 3 000 francs bu aux automobilistes pressés ou qui ne veulent pas passer deux jours dans les stations. Une situation très compliquée pour la population burundaise, que le gouvernement avait pourtant rassurée.

Le 29 mars 2017 dernier, alors que le Burundi était en pleine crise ''partielle'' de carburant,  le ministre burundais de l'énergie et des mines, Côme Manirakiza, était monté au créneau pour calmer les consommateurs. Selon lui, cette pénurie, la pénurie des carburants, est due ''aux difficultés de connexion Internet fréquentes dans les services de l'Office burundais des  recettes (OBR) à la frontière de Kobero dans la province Muyinga au nord-est du pays). Ce problème a occasionné des ''difficultés d'enregistrement'' qui ont bloqué les camions à la frontière. Malgré tout, le ministre avait confié que le pays disposait d'un stock suffisant. Malheureusement aujourd'hui, la réalité est tout autre.

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