Maroc : la Cour des comptes s'alarme de l'augmentation de la masse salariale des fonctionnaires

D'après un rapport publié par la Cour des comptes du Maroc, la masse salariale de la fonction publique a atteint en 2016, la somme de 120 milliards de dirhams soit 12,5 milliards de dollars. Ce montant représente selon l'organe de contrôle des finances publiques, 11,84% du PIB du royaume chérifien.
Driss Jettou, président de la Cour des comptes, Maroc

La masse salariale de l'Etat marocain ne cesse d'augmenter. Selon un rapport portant sur l'évaluation du système de la fonction publique au Maroc, rendu public par la Cour des comptes portant sur l'année 2016, le pays a une masse salariale d'une valeur de 120 milliards de dirham équivalant à 12,5 milliards de dollars. Selon l'organe qui contrôle les finances publiques du pays, ce montant impressionnant représente 11,84 du PIB en 2016. Le rapport de la Cour a fait état d'une évolution préoccupante de la masse salariale avec l'effectif du personnel de l'Etat qui a atteint 583.071 fonctionnaires civils. Il en conclu que dans le royaume chérifien le poids de la fonction publique aujourd'hui, dépasse les moyens de l'économie du pays, surtout que l'amélioration substantielle des revenus des fonctionnaires n'implique pas toujours une amélioration de la perception de l'administration auprès du contribuable marocain.

En clair, en faisant une petite comparaison avec la richesse nationale, le salaire net moyen dans la fonction publique de l'Etat marocain équivaut à environ 3 fois le PIB par habitant contre 1,2 en France et 1 en Espagne, comme l'indique le rapport de la Cour des Comptes. Le document explique que ce ratio relativement est dû à la faiblesse du PIB marocain comparativement à ceux des pays cités en exemple, mais aussi aux multiples revalorisations des salaires décidées à travers le dialogue social, en plus de l'effet des promotions de grade et d'échelon.

Notons que le salaire net mensuel moyen dans la fonction publique au Maroc a enregistré une augmentation de 44,38% entre 2007 et 2016, passant de 5.333 à 7.700 dirhams, selon le rapport sur les ressources humaines accompagnant le projet de la loi des finances 2017. Il représente 3,2 fois le PIB par habitant, contre 1,5 en Tunisie, 1,1 en Turquie et 1,4 en Jordanie, indique la même source qui précise que le salaire minimum est passé de 1.586 dirhams en 2007 à 3.000 dirhams en 2016. Dans les détails, ce salaire net mensuel moyen a connu une évolution de 79% dans les département de la justice et libertés (de 6.086 à 10.900 dirhams), de 49% dans le département de la santé (de 6.318 à 9.400 dirhams), de 48% dans les secteurs de l'économie et finances (de 5.861 à 8700 dirhams), de 42% dans le département de l'éducation nationale (de 5.995 à 8.500 dirhams), de 39% au niveau de l'intérieur (de 6.263 à 8.700 dirhams) et de 20% dans l'enseignement supérieur (de 11.094 à 13.330 dirhams), relève le rapport.

Des actions profondes pour réhabiliter le système de valeurs

A en croire le rapport de la Cour des comptes, il faut des actions profondes pour la réhabilitation du système de valeur appliqué à toute l'administration marocaine. Ceci permettra de gérer au mieux l'augmentation de la masse salariale, d'améliorer la qualité des prestations publiques, afin que le service public du pays puisse poursuivre ses objectifs. Les membres de la Cour recommandent aussi de concevoir et de mettre en place une ''stratégie globale en matière de réforme du système de la fonction publique'', laquelle sera clairement déclinée en actions précises avec des objectifs priorisés, selon des délais bien fixés, en prenant en compte l'impact budgétaire estimé et en identifiant les responsables de chaque action.

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