Gabon : un modeste taux de croissance de 1% au mieux en 2017, selon le FMI

Les services du FMI viennent d’achever une mission au Gabon au cours de laquelle ils ont passé en revue les perspectives d’évolution de l’économie du pays. Si les indicateurs montrent des signes d’une reprise économique, les perspectives à court terme restent encore délicates, avec au mieux à une progression de croissance de 1% cette année. Des projections qui prennent le contre-pied de celles du gouvernement qui tablait sur au moins 3% à la faveur de la reprise de l’économie mondiale et donc des exportations des ressources naturelles du pays.
Le FMI encourage les autorités gabonaises à mener des réformes pour accroître la mobilisation de recettes non pétrolières.

Alors que le gouvernement gabonais tablait sur un rythme de croissance de 3% en moyenne cette année, le FMI vient de tempérer cet optimisme engendré par une relative reprise de l'économie mondiale et donc des exportations du pays. Les services du FMI ont achevé, ce 2 août, une mission de passage en revue de l'évolution de la situation économique du pays. La mission s'inscrit dans le cadre de l'accord relatif au mécanisme élargi de crédit d'un montant approuvé par le FMI au profit du Gabon et qui s'est traduit par le décaissement, le 19 juin dernier, d'une enveloppe de près de 642 millions de dollars destinée à appuyer le programme de relance à moyen terme de l'économie gabonaise. «Les perspectives économiques à court terme du Gabon demeurent délicates, la croissance économique globale devant être modeste, aux alentours de 1%, en 2017», a déclaré au terme de la mission, Alex Segura-Ubiergo, chef de la mission, qui a tenu à rappeler que depuis  2014, la chute des cours internationaux du pétrole a provoqué  un ralentissement de l'activité économique, un net repli des exportations de pétrole et des recettes budgétaires et une détérioration de la balance des paiements.

«Malgré ces perspectives difficiles, certains signes sembleraient indiquer que l'économie a commencé à se stabiliser au premier semestre 2017. Le secteur pétrolier a bénéficié du redressement des prix énergétiques internationaux par rapport aux faibles niveaux enregistrés au début 2016. En outre, d'autres secteurs liés aux ressources naturelles, comme les filières manganèse et bois et les activités agro-industrielles connaissent une croissance rapide, et les BTP semblent manifester plus de résilience que prévu».

Par ailleurs, il ressort des données douanières préliminaires examinées par les services du FMI que la croissance des industries extractives du Gabon a dopé les exportations de 38% en glissement annuel à fin juin, tandis que les importations ont reculé de 21%. «Cette amélioration de la balance commerciale a contribué à atténuer le repli des réserves internationales imputées au Gabon à la BEAC», a estimé le FMI même si l'économie gabonaise continue d'accuser de sérieuses vulnérabilités. Le secteur du commerce et les services sont en récession selon le constat dressé par la mission,  et les dépôts bancaires et le crédit à l'économie ont diminué.

Une reprise encore assez modeste

Des signes de reprise assez modestes pour l'économie gabonaise, à en croire le FMI qui atténue ainsi l'optimisme ambiant des autorités du pays. En juillet dernier, le gouvernement gabonais a fait adopter d'ailleurs par le Parlement, une loi de finances rectificative pour tenir compte de l'évolution de certains indicateurs et à l'occasion, a projeté une croissance du PIB de 3% en moyenne cette année. « Le projet de loi des finances rectificatives intervient dans un contexte économique international marqué par une amélioration de la croissance à 3,5% en 2017 contre 3,4% initialement, après une hausse de l'activité dans la plupart des blocs économiques, en particulier dans les pays avancés et émergents», avait alors expliqué le ministre gabonais de l'Economie Regis Immongault. «En plus de la reprise économique, l'environnement international est aussi marqué par une remontée des cours. Ainsi, le prix des produits énergétiques et des métaux devraient enregistrer une orientation positive, en raison notamment du resserrement de l'offre et d'une forte demande», avait-il encore ajouté justifiant ainsi la hausse du budget qui était passé de 2477,5 milliards de FCFA dans la loi de finances initiale à 2860 milliards soit une augmentation de 382,5 milliards de FCFA.

En plus de la reprise constatée ces derniers mois au niveau de l'économie gabonaise qui s'est traduite par une hausse des subsides, tirée de l'exportation de certains produits, le gouvernement gabonais tablait sur sa stratégie de relance économique 2017-2019 qui bénéficie du soutien du FMI.

Le programme appuyé par le mécanisme devrait en effet aider pays à rétablir la stabilité macroéconomique et à jeter les bases d'une croissance inclusive en veillant à assurer  la viabilité de la dette au niveau national et à contribuer à préserver la stabilité extérieure pour la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC).

 «La mission a encouragé les autorités à mener des réformes pour accroître la mobilisation de recettes non pétrolières, tout particulièrement au plan douanier, où les résultats ont été décevants», peut-on lire dans le communiqué de fin de mission. De ce fait, «une plus grande mobilisation de recettes devrait aider à protéger les programmes essentiels de santé, d'éducation et de protection sociale en faveur des couches de population démunies». En outre, pour rétablir la confiance dans l'économie, une communication fréquente avec les parties prenantes sera nécessaire, au même titre que les progrès réussis dans la mise en œuvre du plan d'apurement des arriérés des autorités, a également plaidé le Fonds.

Premiers pas satisfaisants

«La mission a salué les progrès récemment enregistrés sur le front des réformes structurelles, y compris l'adoption de nouvelles procédures de dépenses et le renforcement des contrôles pour éviter le recours aux dépenses extra-budgétaires», s'est réjoui le chef de la mission du FMI. Des réformes additionnelles pour accroître l'efficience et la transparence des dépenses publiques seront également essentielles. Pour ce faire, la mission a estimé qu'il faudra «respecter scrupuleusement les règles budgétaires, améliorer les marchés publics afin de réduire les contrats de gré à gré, recourir davantage aux études de faisabilité pour hiérarchiser les projets d'investissement public, et assurer une diffusion plus large de l'information économique».

«La mise en œuvre énergique des plans d'apurement des arriérés de l'État sera également vitale pour accroître la résilience du secteur financier. Dans le même temps, les réformes destinées à améliorer le climat des affaires en appui à la stratégie de diversification devraient également être menées avec vigueur, car elles offrent la possibilité de hisser la croissance vers les 5% à moyen terme».

Au cours de leur séjour, les membres de la mission se sont entretenus avec les principaux responsables du pays en charge des questions économiques et financières et selon le chef de la mission, un autre passage de revue est programmé en octobre prochain afin de mener les discussions relatives à la première revue de l'accord conclu avec le Gabon au titre du mécanisme élargi de crédit.

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